La Galout : un exil et une dispersion historiques
La Galout — souvent traduite par « exil » — se réfère à la période pendant laquelle le peuple juif a été dispersé loin de sa terre ancestrale : la Terre d’Israël. Les périodes de Galout ont marqué l’histoire juive, de la destruction du premier Temple de Jérusalem par les Babyloniens en 586 avant l’ère commune à la dispersion mondiale des Juifs après la destruction du second Temple par les Romains en 68 de notre ère. La Galout ne représente pas uniquement un événement historique, mais aussi une expérience spirituelle profonde, caractérisée par la séparation de la présence divine et la souffrance endurée par le peuple juif.
La Galout est perçue par les Juifs comme un rappel constant de l’importance de la Terre d’Israël et du désir ardent de retourner sur leur terre natale ainsi que de se reconnecter avec la présence divine comme il est écrit dans les Psaumes (137 ; 5-6) : « Si je t’oublie jamais, Jérusalem, que ma droite me refuse son service ! Que ma langue s’attache à mon palais, si je ne me souviens toujours de toi, si je ne place Jérusalem au sommet de toutes mes joies ! » Même pendant les périodes de Galout, les Juifs ont continué à prier et à espérer un retour à Sion. Ce désir de retour a été maintenu vivace tout au long de l’histoire juive.
La Guéoula : rédemption et restauration
La Guéoula — traduite par « rédemption » — représente le concept opposé à la Galout. Elle évoque la libération et la restauration du peuple juif, tant sur le plan spirituel que physique. La Guéoula est considérée comme une promesse divine de rétablissement et de réunification du peuple juif sur sa terre. Elle est souvent associée à l’avènement du Messie dans la tradition juive. Certains rabbins du Talmud la craignaient. Ils nous enseignent : « Comme une femme enceinte sur le point d’accoucher se tord, jette des cris dans ses douleurs, ainsi nous étions à cause de Toi. » (Isaïe 26 ;17) « ’Oula dit : « Que vienne le Mashiah et que je ne le vois pas. » » Nos sages appréhendaient le désarroi spirituel censé caractériser la période pré-messianique. Mais pourquoi le Messie ne viendrait pas dans la joie et l’allégresse ? En fait, on dit au nom du Rav Israël Méïr haCohen Kagan (1839–1933), communément appelé le ‘Hafets Haïm, que la foi sera le défi principal avant la Guéoula. Si nous le relevons, elle viendra dans la joie.
La Guéoula ne se limite pas à une notion future et abstraite, mais elle est également vécue au quotidien, de manière individuelle et collective, dans la vie juive. Chaque acte de bonté, chaque accomplissement des commandements divins et chaque quête de justice sont considérés comme des étapes vers la rédemption personnelle et universelle. Nos sages nous donnent notamment trois échappatoires à l’apocalypse spirituelle des temps pré-messianiques : l’étude de la Torah, la pratique de la bienfaisance et le respect des trois repas du Chabbat.
La relation entre la Galout et la Guéoula
Le judaïsme perçoit la Galout et la Guéoula comme étant étroitement liées. La Galout est considérée comme une période préparatoire à la Guéoula, une épreuve nécessaire permettant au peuple juif de se purifier, de se renforcer et de se rapprocher de D.ieu. La Galout est également considérée comme une occasion de témoigner de la fidélité et de la persévérance du peuple juif face aux difficultés rencontrées.
Dans la tradition juive, la Guéoula est souvent associée à une transformation spirituelle et à un renouveau tant individuel que collectif. Elle symbolise la réalisation d’un idéal de justice, de paix et de réconciliation. La Guéoula est non seulement une libération physique, mais aussi un retour à une relation intime avec D.ieu, à l’harmonie et à la plénitude.
Pour les croyants, la Galout est considérée comme une période temporaire et transitoire, tandis que la Guéoula est perçue comme une réalité ultime et eschatologique. La Guéoula est le couronnement de l’histoire juive, marquant la fin de l’exil et le début d’une ère de rédemption universelle.
La vision de la Guéoula dans le judaïsme varie en fonction des courants et des interprétations théologiques. Certains voient la Guéoula comme un événement miraculeux, avec l’avènement d’un Messie qui rétablira le royaume de David et instaurera une ère de paix et de prospérité. D’autres conçoivent la Guéoula comme un processus graduel et évolutif, où les actions humaines jouent un rôle clé dans la construction d’un monde meilleur.
Le concept de Guéoula est profondément enraciné dans les prières juives, les célébrations et les fêtes. Le Séder de Pessah, par exemple, célèbre la sortie d’Égypte, qui est considérée comme une première étape de la Guéoula. La fête de Souccot, quant à elle, est associée à l’espoir de la Guéoula future, lorsque tous les peuples viendront à Jérusalem pour adorer D.ieu.
En conclusion, la Galout et la Guéoula sont des concepts fondamentaux dans le judaïsme, qui expriment le vécu historique et spirituel du peuple juif. La Galout, symbolisant l’exil et la dispersion, rappelle l’importance de la Terre d’Israël et maintient vivante l’aspiration à un retour sur cette terre sacrée. La Guéoula, quant à elle, représente la rédemption et la restauration, tant sur le plan individuel que collectif, et annonce une ère de paix et de réconciliation.
Ces concepts ne se limitent pas à des événements historiques ou eschatologiques, mais sont également ancrés dans la vie quotidienne des croyants, guidant leurs actions et leurs prières. La Galout et la Guéoula continuent d’inspirer les Juifs du monde entier, rappelant l’importance de la fidélité à leur héritage et l’espoir d’une rédemption future. Ces concepts symbolisent la force et la résilience du peuple juif, ainsi que sa croyance en un avenir meilleur où la justice, la paix et la réconciliation règneront en maîtres.