La configuration spatiale du tribunal du Sanhédrin est l’exemple même de la sagesse du judaïsme. Les Juges se plaçaient en demi-cercle, et non pas alignés, ni sur une estrade comme on a l’habitude de les voir dans le monde non-juif. Quel est l’explication de cette mise en place ?
L’organisation judiciaire, selon la loi juive, a un plan très précis avec des concepts fondamentaux aux sens très profonds.
Le Sanhédrin était l’assemblée législative traditionnelle d’Israël avec son tribunal suprême qui siégeait à Jérusalem.
La configuration spatiale du tribunal du Sanhédrin est l’exemple même de la sagesse du judaïsme.
Les Juges se plaçaient en demi-cercle, et non pas alignés, ni sur une estrade comme on a l’habitude de les voir dans le monde non-juif.
Quelle est l’explication de cette mise en place ?
Les juges devaient pouvoir se regarder, lorsqu’ils donnaient leurs verdicts, devant absolument être confrontés au regard de l’autre.
Énoncer la loi juive, c’est la conjugaison de 3 éléments :
– le savoir : connaître la loi dans ses moindres détails
– être confronté au regard de l’autre
– discuter et argumenter en soutenant le regard de l’autre.
Il y a deux sortes de loi : celle qui aménage la réalité et la rationalise, même si cette réalité est perverse, et la loi de la Torah. Celle-ci dépasse la matière, elle est absolue. La lumière transcendante de D.ieu fracture et fracasse la matière. La part de D.ieu étant infinie et l’homme étant limité, pour que cela fonctionne et reste dans le domaine du raisonnable, il faut y ajouter la pluralité, en étudiant à deux, en Hevrouta. Il faut discuter et argumenter, pour que chacun dépasse les limites de sa conscience. Cette étude commune construit un pont entre les consciences dépassant la subjectivité pour arriver au point de luminosité objective.
Selon Rachi, un Juge ne peut pas se cacher derrière la loi, il doit être capable d’assumer moralement son savoir, de prendre sur lui, de condamner un être humain ou de l’innocenter, il doit pouvoir assumer le regard de l’autre, celui de son collègue, Juge également.
La loi juive part du principe qu’il n’y a pas de justice si l’inculpé n’est pas inclus dans la procédure.
Un demi-cercle permet de faire participer l’inculpé, les avocats, le procureur et les témoins, etc…
Il faut que toutes les discussions aient lieu en présence de l’accusé pour qu’il puisse prendre conscience durant le débat de l’importance de ses actes. Cette procédure a une valeur pédagogique qui peut alors entraîner une rédemption.
Sacralisation de la justice ?
Les Sages étaient assis devant le Sanhédrin, si un juge se sentait mal, il était immédiatement remplacé. Il y avait une chaîne de transmission du savoir où nul n’était irremplaçable.
Le peuple se tenait juste derrière les Juges.
La justice s’opérait en public, en présence du peuple, le tribunal était ouvert à tous. La justice n’était pas retranchée du peuple, elle faisait corps avec le peuple.
Un Juge ne peut être juge en Israël que s’il a été capable de sublimer, de sanctifier ses pulsions. Connaître le code de lois n’est pas suffisant, le juge doit être un homme sain. La loi, pour ne pas être institutionnalisée doit être l’instrument d’un être aux valeurs élevées, car il n’y a pas de loi sans sainteté. Il n’y a pas d’expression de la vérité sans sainteté. Le peuple juif peut vivre en présence du mal sans y succomber, sans avoir besoin de murs pour se protéger. Il résiste au mal, il le contre. Ce n’est que par la résistance que l’on devient plus fort.
La Torah propose une logique transcendante pour arracher l’homme à la malédiction de la matière et ainsi lui donner la possibilité de l’élection. Le rapport du peuple juif à la loi, à la révélation, est essentiel. L’homme juif va chercher la vie au cœur de la matière, il y trouve l’éternité de l’éclat divin, c’est le secret qui fait que la vie juive est si jubilatoire. Chaque moment de la vie juive devient un moment d’éternité, qui dépasse systématiquement la matière.