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Vivre avec nos morts

Un regard sur les traditions et les pratiques juives autour de la mort. Les lois juives guident chaque aspect de la vie quotidienne. Lorsqu'il s'agit de la mort, un ensemble complexe de règles et de rituels guide les fidèles tout au long du processus, de la maladie terminale à l'enterrement.
Vivre avec nos morts

La préparation à la mort.

Dans la tradition juive, la préparation à la mort commence bien avant le décès. Lorsqu’une personne atteint le stade terminal d’une maladie, il est de coutume de réciter le Psaume 23, un passage biblique empreint de réconfort, accompagné de prières spécifiques pour les malades. La présence de proches est encouragée, et les membres de la communauté sont incités à apporter un soutien émotionnel et spirituel. Il y a aussi la récitation du vidouy ou reconnaissance des fautes. 

Le vidouy : reconnaître ses erreurs.

Si le malade a du temps et que son esprit est lucide, il est bon qu’il fasse un vidouy. Cela apporte un grand bénéfice à son âme avant de quitter ce monde. Cependant, un malade dans ses dernières heures est souvent affaibli et le fait de lui demander de se confesser peut l’affaiblir moralement et lui nuire. 

L’ordre du vidouy.

L’ordre de ce texte, « Modeh Ani Lefane’ha » tel qu’il est présenté ci-dessous, se trouve dans le Shoul’han ‘Aroukh. Selon la force du malade et ses préférences, on peut lui ajouter la confession habituelle Ashamnou Bagadnou. De plus, des confessions plus longues sont dites le jour de Yom Kippour, telles que la confession de notre maître Nissim, la confession Al ‘Hat (pour le péché), le piyout « Le’ha Eli Teshoukati », et d’autres du même genre. Ces confessions se trouvent dans les livres de prières selon les différentes traditions.

Soins du corps et rituel de lavage.

Une fois la mort constatée, la première étape consiste à prendre soin du corps du défunt. Selon la Halakha, le processus de lavage rituel, appelé Taharah, est effectué par une équipe de bénévoles spécialement formés, connus sous le nom de Chevra Kadisha. Ces personnes, souvent des membres respectés de la communauté, procèdent à un nettoyage du corps avec une attention particulière à la dignité et au respect.Le Taharah est une expression concrète de la croyance juive en la sainteté de chaque être humain, même après la mort. Les participants récitent des prières spécifiques pendant le rituel, exprimant la reconnaissance du caractère sacré de la vie et du passage de l’âme vers le monde à venir.

L’ensevelissement rapide.

La Halakha prescrit l’ensevelissement rapide des défunts, généralement dans les 24 heures suivant le décès. Ce principe découle de la conviction que le corps doit retourner à la terre aussi rapidement que possible, permettant ainsi à l’âme de trouver la paix. Cette pratique est également en accord avec le respect dû au corps du défunt.

L’enterrement doit se faire dans un cimetière juif. Selon la Halakha, le défunt doit être enterré à même la terre dans un linceul. Cette pratique funéraire ne se faisant qu’Israël, dans le reste du monde, l’utilisation de cercueils simples et non vernis est préférée. Le cercueil en bois facilite la décomposition naturelle du corps, conformément à la vision juive de la mort comme un retour à la nature.

Le Kaddish, la shiva et l’année du deuil.

Le Kaddish, une prière spéciale récitée par les endeuillés, est un aspect essentiel du deuil juif. Cette prière n’est pas une lamentation sur la mort, mais plutôt une affirmation de la grandeur de D.ieu et de la vie éternelle. Les proches récitent le Kaddish pendant une période de deuil d’une durée déterminée, tous les jours, pendant douze mois après la perte d’un parent.La période de deuil est également marquée par des coutumes spécifiques, telles que les shiva, la semaine de deuil où les membres de la famille se réunissent dans la même maison sans sortir, recevant des visites de condoléances et de réconforts. Au cours des shiva, les endeuillés sont encouragés à s’abstenir de certaines activités symboliques de joie, comme se raser ou se couper les cheveux, exprimant ainsi le respect et le chagrin pour la perte. Le trentième jour après l’inhumation, il est courant de monter à la tombe du défunt et d’y ériger une stèle. Pendant cette période, bien que les lois du deuil continuent de s’appliquer, elles sont moins strictes que dans les premiers jours suivant le décès. Durant une période de douze mois à partir du jour de l’inhumation, il faut éviter  de participer à des événements joyeux, d’écouter de la musique et d’acheter des vêtements neufs. À la fin de l’année de deuil, la tombe est de nouveau visitée.

L’espérance dans l’au-delà.

Le judaïsme enseigne une vision positive de l’au-delà, soulignant la continuité de l’âme après la mort. La vie éternelle est perçue comme une réalité et le processus de deuil est façonné par la confiance en un avenir dans lequel les âmes se réuniront dans la présence divine. Cette perspective apporte réconfort et espoir aux familles endeuillées, les aidant à surmonter le deuil avec une perspective spirituelle.

L’importance de la mémoire.

La mémoire des défunts occupe une place prépondérante dans la tradition juive. Le principe de Yizkor, une prière spécifique pour commémorer les disparus, est récitée plusieurs fois au cours de l’année, notamment lors des fêtes juives au sein des communautés Ashkénazes. Cette pratique souligne la conviction juive que la mémoire des êtres chers perdure, influence positivement la vie des vivants.


La commémoration annuelle des défunts, connue sous le nom de Yahrzeit, ou Azkara est un autre aspect important du deuil juif. Les membres de la famille allument une bougie commémorative le jour anniversaire du décès et récitent le Kaddish pour honorer la mémoire du défunt. Il est de coutume de servir une séouda et de faire des bénédictions sur les différents aliments dans la perspective de faire monter l’âme du défunt. Cette tradition perpétue le lien entre les générations et rappelle l’importance de se souvenir des ancêtres.

De la préparation du corps à l’enterrement rapide et au deuil structuré, chaque aspect du processus reflète les enseignements séculaires du judaïsme. Ces pratiques offrent un cadre qui permet aux familles juives de traverser le deuil avec un sens profond de la communauté, de la foi et de l’espoir dans l’éternité. En comprenant ces lois, on peut apprécier la manière dont le judaïsme aborde la fin de la vie avec un équilibre délicat entre tradition et spiritualité.

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