Le chant de l’unité : émotion dans la déclaration de foi
Chéma Israël, « Écoute, Israël, l’Éternel est notre D.ieu, l’Éternel est Un » résonne comme un chant de l’unité. Chaque mot, chaque syllabe, porte une charge émotionnelle profonde. Prononcer ces paroles, c’est entrer dans un espace sacré où la connexion avec le divin et la communauté est palpable. Les larmes qui peuvent couler lors de cette déclaration sont des larmes d’émotion pure, une réponse à l’appel de l’âme à se fondre dans l’unicité de D.ieu.
La mémoire vivante : Chéma Israël dans l’histoire
Chéma Israël a traversé les siècles, portant avec lui le poids de l’histoire du peuple juif. Réciter ces mots, c’est se connecter à une mémoire vivante, une mémoire qui a survécu à l’oppression, à l’exil, et à la dispersion. Chaque génération qui prononce ces paroles ressent l’émotion de perpétuer une tradition ancienne, de faire partie d’une continuité spirituelle qui défie le temps.
La structure
Le premier verset du Chéma, tiré du sixième chapitre du Deutéronome, est parmi les plus connus de toute la liturgie juive. Il est récité au moment climatique de la prière finale de Yom Kippour, le jour le plus saint de l’année, et traditionnellement comme les dernières paroles avant la mort. Traditionnellement, il est récité avec la main placée sur les yeux.
« שְׁמַע יִשְׂרָאֵל יְהוָה אֱלֹהֵינוּ יְהוָה אֶחָֽד »
« She-ma yisrael, adonai eloheinu, adonai echad »
(Écoute, Israël, l’Éternel est notre D.ieu, l’Éternel est Un).
Ce verset est suivi d’une ligne de texte traditionnellement récitée à voix basse :
« בָּרוּךְ שֵׁם כְּבוֹד מַלְכוּתוֹ לְעוֹלָם וָעֶד »
« Baruch shem kavod malchuto l’olam va-ed »
(Béni soit le nom de Son royaume glorieux pour toujours et à jamais)
Le reste de la prière du Chéma est tiré de trois sources bibliques :
Deutéronome 6:5-9 :
וְאָ֣הַבְתָּ֔ אֵ֖ת יְהוָ֣ה אֱלֹהֶ֑יךָ בְּכָל־לְבָבְךָ֥ וּבְכָל־נַפְשְׁךָ֖ וּבְכָל־מְאֹדֶֽך »
וְהָי֞וּ הַדְּבָרִ֣ים הָאֵ֗לֶּה אֲשֶׁ֨ר אָנֹכִ֧י מְצַוְּךָ֛ הַיּ֖וֹם עַל־לְבָבֶֽךָ
וְשִׁנַּנְתָּ֣ם לְבָנֶ֔יךָ וְדִבַּרְתָּ֖ בָּ֑ם בְּשִׁבְתְּךָ֤ בְּבֵיתֶ֙ךָ֙ וּבְלֶכְתְּךָ֣ בַדֶּ֔רֶךְ וּֽבְשָׁכְבְּךָ֖ וּבְקוּמֶֽךָ
וּקְשַׁרְתָּ֥ם לְא֖וֹת עַל־יָדֶ֑ךָ וְהָי֥וּ לְטֹטָפֹ֖ת בֵּ֥ין עֵינֶֽיךָ
וּכְתַבְתָּ֛ם עַל־מְזוּזֹ֥ת בֵּיתֶ֖ךָ וּבִשְׁעָרֶֽיךָ »
(Tu aimeras l’Éternel, ton D.ieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. Ces commandements, que je te donne aujourd’hui, seront sur ton cœur. Tu les inculqueras à tes enfants, tu en parleras quand tu seras assis dans ta maison, quand tu seras en voyage, quand tu te coucheras et quand tu te lèveras. Tu les attacheras comme un signe à tes mains et ils seront comme un bandeau entre tes yeux. Tu les inscriras sur les poteaux de ta maison et sur tes portes.)
Deutéronome 11:13-21
» וְהָיָ֗ה אִם־שָׁמֹ֤עַ תִּשְׁמְעוּ֙ אֶל־מִצְותַ֔י אֲשֶׁ֧ר אָנֹכִ֛י מְצַוֶּ֥ה אֶתְכֶ֖ם הַיּ֑וֹם לְאַהֲבָ֞ה אֶת־יְהוָ֤ה אֱלֹֽהֵיכֶם֙ וּלְעָבְד֔וֹ בְּכָל־לְבַבְכֶ֖ם וּבְכָל־נַפְשְׁכֶֽם׃ וְנָתַתִּ֧י מְטַֽר־אַרְצְכֶ֛ם בְּעִתּ֖וֹ יוֹרֶ֣ה ומַלְקוֹשׁ וְאָסַפְתָּ֣ דְגָנֶ֔ךָ וְתִֽירֹשְׁךָ֖ וְיִצְהָרֶֽךָ׃ וְנָתַתִּ֛י עֵ֥שֶׂב בְּשָׂדְךָ֖ לִבְהֶמְתֶּ֑ךָ וְאָכַלְתָּ֖ וְשָׂבָֽעְתָּ׃ הִשָּֽׁמְר֣וּ לָכֶ֔ם פֶּ֥ן יִפְתֶּ֖ה לְבַבְכֶ֑ם וְסַרְתֶּ֗ם וַעֲבַדְתֶּם֙ אֱלֹהִ֣ים אֲחֵרִ֔ים וְהִשְׁתַּחֲוִיתֶ֖ם לָהֶֽם׃ וְחָרָ֨ה אַף־יְהוָ֜ה בָּכֶם וְעָצַ֤ר אֶת־הַשָּׁמַ֙יִם֙ וְלֹֽא־יִהְיֶ֣ה מָטָ֔ר וְהָ֣אֲדָמָ֔ה לֹ֥א תִתֵּ֖ן אֶת־יְבוּלָ֑הּ וַאֲבַדְתֶּ֣ם מְהֵרָ֗ה מֵעַל֙ הָאָ֣רֶץ הַטֹּבָ֔ה אֲשֶׁ֥ר יְהוָ֖ה נֹתֵ֥ן לָכֶֽם׃ וְשַׂמְתֶּם֙ אֶת־דְּבָרַ֣י אֵ֔לֶּה עַל־לְבַבְכֶ֖ם וְעַֽל־נַפְשְׁכֶ֑ם וּקְשַׁרְתֶּ֨ם אֹתָ֤ם לְאוֹת֙ עַל־יֶדְכֶ֔ם וְהָי֥וּ לְטוֹטָפֹ֖ת בֵּ֥ין עֵינֵיכֶֽם׃ וְלִמַּ֨עַן יִרְבּ֤וּ יְמֵיכֶם֙ וִימֵ֣י בְנֵיכֶ֔ם עַ֚ל הָֽאֲדָמָ֔ה אֲשֶׁ֨ר נִשְׁבַּ֧ע יְהוָ֛ה לַאֲבֹתֵיכֶ֖ם לָתֵ֣ת לָהֶ֑ם כִּימֵ֥י הַשָּׁמַ֖יִם עַל־הָאָֽרֶץ׃ »
(Si vous obéissez aux commandements que je vous enjoins aujourd’hui, en aimant l’Éternel votre D.ieu et en le servant de tout votre cœur et de toute votre âme, je donnerai la pluie à votre terre en son temps, la pluie de la première saison et la pluie de la dernière saison. Vous rassemblerez votre nouvelle récolte, votre vin et votre huile. Je fournirai également de l’herbe dans les champs pour votre bétail, et ainsi vous vous nourrirez pleinement. Veillez à ne pas être séduit pour servir d’autres dieux et vous prosterner devant eux. Car la colère de l’Éternel s’enflammera contre vous, et il fermera les cieux de sorte qu’il n’y aura pas de pluie et que la terre ne donnera pas ses fruits. Vous périrez rapidement de la bonne terre que l’Éternel vous donne. Par conséquent, imprimez ces paroles dans votre cœur, attachez-les comme un signe à vos mains et qu’elles servent de symbole sur votre front. Enseignez-les à vos enfants, récitez-les quand vous êtes à la maison et quand vous êtes en voyage, quand vous vous couchez et quand vous vous levez, et inscrivez-les sur les poteaux de votre maison et sur vos portes. Ainsi, vous et vos enfants endurez sur la terre que l’Éternel a juré à vos pères de vous donner, aussi longtemps qu’il y a un ciel au-dessus de la terre.)
Nombres 15:37-41
»וַיֹּ֥אמֶר יְהוָ֖ה אֶל־מֹשֶׁ֥ה לֵּאמֹֽר׃ דַּבֵּ֞ר אֶל־בְּנֵ֤י יִשְׂרָאֵל֙ וְאָמַרְתָּ֣ אֲלֵהֶ֔ם וְעָשׂ֨וּ לָהֶ֥ם צִיצִ֛ת עַל־כַּנְפֵ֥י בִגְדֵיהֶ֖ם לְדֹרֹתָ֑ם וְנָֽתְנ֛וּ עַל־צִיצִ֥ת הַכָּנָ֖ף פְּתִ֥יל תְּכֵֽלֶת׃ וְהָיָ֣ה לָכֶ֮ם֮ לְצִיצִת֒ וּרְאִיתֶ֣ם אֹת֗וֹ וּזְכַרְתֶּם֙ אֶת־כָּל־מִצְוות יְהוָ֔ה וַעֲשִׂיתֶ֖ם אֹתָ֑ם וְלֹֽא־תָתֻ֜רוּ אַחֲרֵ֤י לְבַבְכֶם֙ וְאַחֲרֵ֣י עֵֽינֵיכֶ֔ם אֲשֶׁר־אַתֶּ֥ם זֹנִ֖ים אַחֲרֵיהֶֽם׃ לְמַ֨עַן תִּזְכְּר֔וּ וַעֲשִׂיתֶ֖ם אֶת־כָּל־מִצְותָ֑י וִהְיִיתֶ֥ם קְדֹשִׁ֖ים לֵֽאלֹהֵיכֶֽם׃ אֲנִ֞י יְהוָ֣ה אֱלֹֽהֵיכֶ֗ם אֲשֶׁ֨ר הוֹצֵ֤אתִי אֶתְכֶם֙ מֵאֶ֣רֶץ מִצְרַ֔יִם לִהְי֥וֹת לָכֶ֖ם לֵאלֹהִ֑ים אֲנִ֖י יְהוָ֥ה אֱלֹהֵיכֶֽם׃ »
(Le Seigneur dit à Moïse : Parle aux enfants d’Israël et dis-leur de se faire des franges aux coins de leurs vêtements, pour leurs générations, et de mettre un cordon de bleu sur les franges des coins. Cela vous servira de franges : vous les regarderez et vous vous souviendrez de tous les commandements de l’Éternel pour les mettre en pratique, et vous ne suivrez pas les impulsions de votre cœur et de vos yeux, à travers lesquelles vous vous laissez séduire. Ainsi, vous vous souviendrez de tous mes commandements et vous serez saints pour votre D.ieu. Je suis l’Éternel, votre D.ieu, qui vous ai fait sortir du pays d’Égypte pour être votre D.ieu. Je suis l’Éternel, votre D.ieu.)
La signification
Le premier verset du Chéma est considéré comme la déclaration la plus essentielle de la foi juive : l’Éternel est notre D.ieu, l’Éternel est un. Le passage qui suit détaille les manières particulières dont cette foi doit être vécue : aimez D.ieu de tout votre être, enseignez-le à vos enfants, récitez-le lorsque vous vous réveillez et lorsque vous vous couchez, attachez-le comme un symbole sur votre corps.
La deuxième section spécifie ce qui se passera si les commandements de D.ieu sont suivis et s’ils ne le sont pas. La soumission aux commandements de D.ieu entraînera la pluie en saison, la récolte de céréales, de vin et d’huile, de l’herbe dans les champs pour le bétail et une nourriture abondante. Mais si la volonté de D.ieu est défiée et que des dieux étrangers sont adorés, aucune de ces bénédictions ne viendra.
Pour garantir que ces commandements sont mémorisés, la dernière section concerne le commandement biblique des tzitzit, les franges rituelles qui servent de rappel de la présence de D.ieu et que portent de nombreux hommes orthodoxes en permanence.
L’éducation religieuse : Chéma Israël et l’enfance
L’apprentissage du Chéma Israël fait partie intégrante de l’éducation religieuse juive. Le Chéma est l’une des premières choses que nous enseignons à nos enfants. Les enfants, dès leur plus jeune âge, découvrent la puissance émotionnelle de ces mots sacrés.
Les moments de crise : la force émotionnelle de Chéma Israël
Dans les moments de crise et de désespoir, Chéma Israël devient un refuge émotionnel. Les Juifs récitent ces mots dans les périodes sombres, cherchant la force et le réconfort dans la croyance en l’unicité divine. Noach Hertz était un pilote de chasse israélien capturé en Syrie après l’attaque du Yom Kippour en 1973. Il avait perdu une jambe lorsqu’il avait été éjecté de son avion et avait été emprisonné pendant huit mois.
« Il y a un moment que je n’oublierai jamais », a-t-il déclaré lors d’une interview. « J’avais très froid, j’avais de graves infections, et je sentais que j’étais épuisé. J’ai regardé la porte et j’ai commencé à pleurer amèrement… J’ai crié Chéma Israël… ». Bien que Hertz ne pratique pas la Torah à l’époque, il savait comment dire le Chéma.
« Le lendemain matin, je me suis réveillé et j’ai vu que j’étais en vie, que je n’étais pas mort, et j’ai décidé… que je maintiendrais l’optimisme. Ainsi, j’ai passé un autre jour et un autre avec espoir et conversations. Je chantais pour moi-même, je criais des choses, je sifflais et je sentais que mon âme était libre, que peut-être, j’étais emprisonné, mais que mon esprit n’était pas brisé. »
Après sa libération, Hertz et sa femme ont poursuivi le voyage qu’il avait commencé en prison, devenant finalement complètement observants de la Torah.
Chéma Israël au cœur de la communauté : unifiant les croyants
Lors des rassemblements communautaires, la proclamation de Chéma Israël crée une harmonie émotionnelle entre les croyants. L’unité dans la diversité devient une réalité palpable, chaque voix individuelle se fondant dans le chœur de la communauté. C’est un moment où l’émotion collective transcende les différences pour créer une expérience spirituelle partagée. À mesure que des récits émergent du massacre du 7 octobre, de nombreux survivants se rappellent ces moments où ils tenaient le Chéma Israël aussi fermement que leurs armes. Et dans de nombreux cas, c’était la seule arme qu’ils avaient. Ils chuchotaient, criaient, ou fermaient les yeux en mouvant leurs lèvres encore et encore : « Shema Yisrael, Hachem Elokeinu, Hachem echad. »
Benni Chasson vivait au Kibboutz Kissoufim. Lui et sa femme passèrent des heures et des heures dans leur « pièce sécurisée », jusqu’à ce que des soldats arrivent pour les secourir à 4 h du matin. Étaient-ils des terroristes ou des Israéliens ? Il n’en était pas sûr.
« Termine cette phrase », dit-il au soldat à l’extérieur : « Shema Yisrael … »
Et le soldat répondit : « Hashem Elokeinu, Hashem Echad. » Enfin, ils se sentirent en sécurité pour ouvrir la porte.
Un voyage émotionnel à travers la foi
Chéma Israël, au-delà d’être une profession de foi, est un voyage émotionnel à travers la spiritualité, l’histoire et la communauté. Chaque récitation est une expérience personnelle, un moment où les émotions individuelles se fondent dans le tissu émotionnel collectif du peuple juif. C’est un souffle d’émotion qui transcende les limites du temps et de l’espace, un appel continu à écouter et à ressentir la présence divine dans chaque aspect de la vie. Dans cette déclaration de foi, les émotions se mêlent pour créer une symphonie spirituelle qui résonne à travers les générations, unissant les croyants dans un amour partagé pour le divin et pour la vie.