Avez-vous déjà goûté à la saveur si subtile d’un Chabbat passé à Jérusalem ? Des senteurs suaves de pain tout chaud qui s’élèvent des boulangeries locales aux groupes de jeunes vêtus comme à l’approche d’un mariage qui arborent les rues de la capitale, suivez-nous pour vous imprégner de cette atmosphère unique et, pourquoi pas, faire quelques emplettes !
Des H’alot chaudes et de la Téh’ina locale : dans les dédales de Mah’ané Yéhouda
S’il y a bien une chose sur laquelle tous les habitants de Jérusalem, qu’ils soient traditionalistes, laïques ou orthodoxes, tombent d’accord, c’est que le meilleur lieu pour faire ses emplettes le vendredi est le Chouk de Mah’ané Yéhouda quelques heures avant l’entrée du Chabbat ! C’est en effet à ce moment que l’effervescence est à son comble et les prix sont au plus bas.
Au détour des ruelles qui ne désemplissent pas du jeudi matin jusqu’à une heure seulement avant l’entrée de Chabbat, Humez les senteurs envoûtantes de H’alot et Rogalakh sortant des fours tout chauds. Délectez-vous des odeurs émanant des étalages d’épices, de fruits et légumes ou de graines en tous genres. N’hésitez pas non plus à vous laisser tenter par les centaines de sortes de H’alva vendues en gigantesques meules dans les différentes boutiques spécialisées du marché, après vous être bien sûr approvisionnés en vin de qualité made in Israël pour le Kiddouch et le dîner de shabbat.
Sur place ou à emporter ?
Un autre lieu où il faut également deambuler veille du shabbat— et rester manger un bout — est le quartier de Guéoula et sa rue principale, Malkhé Israël. Disons-le d’emblée : le vendredi, vous serez déjà has been. Ici, c’est le jeudi soir que ça se passe. En effet, la désormais célèbre coutume consistant à déguster du Tschoulent le jeudi soir a vu sa genèse démarrer ici, au sein des temples miniatures que sont les lieux d’étude de ce quartier.
Laissez-nous vous expliquer de quoi il s’agit et, même si vous n’êtes pas fan de préparations culinaires ashkénazes , gageons que vous deviendrez vite adepte du concept.
Le Tschoulent — mot yiddish provenant des mots « chaud » et « lent » en français — est le plat traditionnel consommé par les Juifs d’Europe de l’Est le Chabbat midi. L’équivalent de la Tfina chez les sépharades L’interdiction de cuisiner étant alors en vigueur, ce plat est cuit dès le jeudi soir pour poursuivre sa carrière en mijotant lentement tout le Chabbat sur une plaque de cuisson enclenchée avant l’entrée de celui-ci.
Or, une tradition bien ancrée dans le monde des Yéchivot veut que les étudiants prennent des forces le jeudi soir avant la longue veillée d’étude qui les attend en « goûtant » du Tschoulent, qui est déjà prêt. Cette habitude s’est depuis étendue bien au-delà des frontières de la Yéchiva et de nombreux restaurants proposent désormais du Tschoulent le jeudi soir.
Vous aussi, durant vos achats en l’honneur du Chabbat qui approche, laissez-vous tenter, que vous le choisissiez avec ou sans viande ,Parvé !
Plus que 24 minutes ! En route pour le Kotel ou pour la Grande synagogue ?
Alors que vous avez terminé vos courses et que vous êtes fin prêt à prendre le chemin de la synagogue, il n’est pas impossible que, inspiré par cet article ou même pas du tout, vous décidiez de marcher à pied jusqu’au Kotel pour l’office du vendredi soir. C’est là que vous croiserez le plus merveilleux des melting-pots, comme un témoignage vivant de cette promesse ancestrale selon laquelle, à la fin des temps, D.ieu ramènera Ses exilés des quatre coins du monde…
Quel que soit l’itinéraire emprunté, vous croiserez toujours — toujours — un groupe de jeunes filles d’un séminaire américain qui s’y dirigent elles aussi, parées de leurs plus belles tenues et discutant allègrement en anglais. Une autre vision assez commune est celle de soldats en permission venus de l’étranger — et donc souvent sans famille sur place — qui se dirigent vers les familles d’accueil qui leur proposent gracieusement le gîte et le couvert pour le Chabbat. Des groupes composés de jeunes étudiants sud-américains de Yéchivot arborent généralement les rues, eux aussi en chemin vers le Kotel. Ce brouhaha polyglotte ajoute un charme indescriptible aux ruelles hiérosolymites, qui se teintent d’un rouge ambré alors que le soleil décline lentement dans le ciel.
En pénétrant au sein des imposantes murailles de la Vieille ville, témoignage ancestral de la gloire passée de la cité de David, et en vous rapprochant lentement mais sûrement du Kotel, impossible de ne pas se laisser envoûter par les chants qui s’élèvent ci et là des maisons d’étude et des synagogues alors que les mélodies de la Kabbalat Chabbat sont entonnées. Une fois sur place, vous pourrez choisir le Minyan qui vous tente le plus — il y en a pour tous les goûts et tous les styles.
Mais si la perspective d’une longue balade à pied ne vous tente que très peu, surtout si le froid sévit ou, pire encore, la chaleur , peut-être opterez-vous pour un plus sage mais non moins impressionnant passage à la Grande synagogue de Jérusalem, à la rue King Georges ? Peut-être y croiserez-vous quelques personnalités politiques ou profiterez de la prestation de la chorale d’enfants qui y chantent une fois par mois ? Sachez qu’un Minyan séfarade s’y tient depuis de très nombreuses années dans une petite synagogue annexe située à l’intérieur du bâtiment, Minyan fondé par l’ancien Richon Létsion, le Rav Ovadia Yossef.
Le Grand Rabbin Sitruk aimait enseigner que la grandeur d’un événement dépend de sa préparation. Ce qui est vrai pour tout événement de la vie juive trouve sans doute sa plus belle expression à l’approche du jour le plus saint, dans la ville la plus sainte.