Depuis le plus profond de l’humanité, D.ieu a exigé de l’homme plusieurs lois fondamentales, et ce, depuis Adam jusqu’à la génération des Hébreux dans le désert. Après l’éradication par le Déluge de la race humaine corrompue, D.ieu a imposé à Noé et à sa descendance de reconstruire un nouveau monde sur des bases morales essentielles : il s’agit de 7 lois fondamentales.
Selon le Talmud qui en a fait le recensement[1]Sanhédrin 56 A, six de ces lois sont des interdictions, à savoir le blasphème[2]Lévitique 24 :16 incluant toute utilisation vaine du nom divin, l’idolâtrie[3]Exode 20 :3 au sens large, l’adultère[4]Genèse 2 :24 qui commande à l’homme de s’unir avec sa femme pour former une seule chair. ainsi que toute immoralité sexuelle, le meurtre[5]Genèse 9 :6 bien entendu, le vol[6]Genèse 2 :16-17. Adam et Eve se sont vu interdire de consommer le fruit de deux arbres, mais ont tout de même volé un tel fruit de l’arbre pour le gouter. de toute chose matérielle ou autre, et la consommation du sang d’un animal encore en vie[7]Genèse 9 :4 qui interdit toute cruauté envers les animaux. Et une loi positive divine est l’injonction d’établir des tribunaux[8]Exode 15 :25-26 qui fait référence à la loi et au tribunal (חֹק וּמִשְׁפָּט)., pour garantir la justice sociale.
Comme signe de Son alliance avec l’humanité, D.ieu a [9]utilisé l’arc-en-ciel, formé de 7 couleurs comme le nombre des lois noahides. Car le nombre 7 rappelle l’œuvre de la Création par la volonté divine (les 7 planètes, les 7 océans, les 7 continents, etc.) puis a aussi fixé le Shabbat au 7ème jour et a demandé aux Hébreux de construire la ménorah avec 7 branches. L’homme y a d’ailleurs fait écho avec les 7 merveilles du monde, établies par les Grecs qui avaient appris des Juifs que ce nombre 7 cachait quelque chose de transcendant.
Selon Maïmonide, qui s’est grandement étendu sur ce sujet, tout non-Juif qui suit les 7 lois noahides et les considère d’origine divine est vertueux et a droit au monde futur[10]Mishné Torah, livre de la Connaissance, traité Halakhot 3 :13. Mais les Juifs, eux, doivent suivre les 613 commandements globalement appelés lois mosaïques. Vu sous cet angle, on comprend que les rabbins soient étonnés de voir un non-Juif souhaiter se convertir au judaïsme : ses obligations sont alors centuplées !
Toujours selon Maïmonide, enseigner aux non-juifs à suivre ces 7 lois noahides incombe à tous les Juifs. Son opinion n’a cependant pas été approuvée pendant des siècles. Des penseurs juifs y ont vu un terrain compatible de morale et d’éthique entre Israël et les nations. Au 19ème siècle, le rabbin de Livourne en Italie, Élie Bénamozegh (1823-1900), considérait qu’elles constituaient la seule religion universelle et fraternelle, et que le judaïsme avait pour mission de les promouvoir[11]Voir son ouvrage Israël et l’Humanité disponible en ligne sur Gallica. Le concept a été repris par le Rabbi de Loubavitch, Menahem Schneerson, qui encourageait ses disciples à prêcher les 7 lois noahides. L’idée a été suivie dans les années 1990 par des rabbins orthodoxes qui ont créé l’alliance des Bnei Noah (בני נח), c’est-à-dire les fils de Noé et ses descendants, à savoir toute l’humanité. À la suite de la création de plusieurs cellules de Bnei Noah à travers le monde, un grand conseil de type Sanhédrin a été établi en 2006 à Jérusalem par plusieurs rabbins dont le Rav Oury Cherki.
Le but de ce mouvement moderne est ouvertement d’encourager l’adhérence des non-Juifs aux 7 lois noahides, sans obligation de conversion au judaïsme, bien entendu. Ces lois générales établissent une conduite éthique entre les humains. Et, si elles étaient suivies universellement, il n’y aurait plus de meurtre, de vol ou de guerre !
Ce mouvement des Bnei Noah, étant issu du monde juif orthodoxe, entreprend aussi de faire rayonner la spiritualité de la Torah : c’est un effort considéré comme une obligation des Juifs envers l’humanité. Car le monde présent est déjà entré dans les temps messianiques, et ce mouvement s’aligne sur la prophétie de Michée : « Il arrivera à la fin des temps que la montagne de la maison de l’Éternel sera affermie sur la cime des montagnes et se dressera au-dessus des collines, et des peuples y afflueront. Et nombre de nations iront en disant : « Allons et gravissons la montagne de l’Éternel et allons à la maison du D.ieu de Jacob, et il nous enseignera Ses voies et nous suivrons Ses chemins. Car de Sion sort la Torah et de Jérusalem la parole de l’Éternel. » (Michée 4 :1-2).
Références
↑1 | Sanhédrin 56 A |
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↑2 | Lévitique 24 :16 |
↑3 | Exode 20 :3 |
↑4 | Genèse 2 :24 qui commande à l’homme de s’unir avec sa femme pour former une seule chair. |
↑5 | Genèse 9 :6 |
↑6 | Genèse 2 :16-17. Adam et Eve se sont vu interdire de consommer le fruit de deux arbres, mais ont tout de même volé un tel fruit de l’arbre pour le gouter. |
↑7 | Genèse 9 :4 |
↑8 | Exode 15 :25-26 qui fait référence à la loi et au tribunal (חֹק וּמִשְׁפָּט). |
↑9 | utilisé |
↑10 | Mishné Torah, livre de la Connaissance, traité Halakhot 3 :13 |
↑11 | Voir son ouvrage Israël et l’Humanité disponible en ligne sur Gallica |