Le Talith, ou châle de prière, se porte à partir de l’âge de 13 ans, dès la Bar Mitsva du jeune garçon. Comment doit-on le porter ? On le prend à bout de bras en l’étalant devant soi verticalement. On prononce la bénédiction spécifique. On le met ensuite sur sa tête en veillant à ce qu’il recouvre aussi les épaules et le dos. On le relève alors de sorte à ce que les quatre franges pendent devant, deux franges à droite et deux franges à gauche. Ensuite, on prend les deux franges qui pendent à droite et on les rabat sur son épaule gauche. Puis on reprend les franges de droite et on les remet sur l’épaule droite. Ensuite, on relève le pan droit en le prenant par le milieu et en le relevant de sorte à qu’une frange pende devant et une frange pende derrière ; on fait de même pour le pan gauche.
C’est un rituel immuable depuis des générations qui se transmet de père en fils
Découvrons ce vêtement et objet de prière fondamental pour le peuple juif.
Le précepte des Tsitsit
Les vêtements que nous portons aujourd’hui ne comportent pas quatre coins séparés. Ils sont cousus de plusieurs pièces qui constituent un seul ensemble. A supposer que vous décidiez de vous vêtir d’un tel vêtement, pourvu de quatre coins séparés, à l’image d’un poncho, vous seriez obligés d’après la Torah de le pourvoir de Tsitsit, c’est à dire de fils, à ses quatre extrémités. Qu’est-ce qui justifie dans ce dernier cas le commandement de mettre des Tsitsits ? La Torah nous l’explique : « …Vous les verrez, vous vous souviendrez de tous les commandements de D-ieu et vous les accomplirez. [Ainsi] vous ne vous égarez pas en suivant votre cœur et vos yeux, à la suite desquels vous vous pervertissez » (Bamidbar 15,39). Les Tsitsit répondent donc à une double fonction : nous aider à nous souvenir de tous les commandements de la Torah qui sont au nombre de 613 pour les réaliser ainsi que préserver notre regard des visions immorales et impudiques pour ne pas en arriver à fauter. La valeur numérique du mot Tsitsit est égale à 600, à laquelle s’ajoutent les huit fils et les cinq nœuds de chaque frange des Tsitsit ; ce qui fait un total 613.
Deux types de Talith
Dans les faits, il existe deux types de vêtements répondant à la définition de Talith : le Talith Katan (petit Talith) et le Talith Gadol (grand Talith). Ces deux vêtements ressemblent donc à une couverture rectangulaire avec 4 coins auxquels on doit attacher des fils, les tsitsits. Quelle différence, me direz-vous alors, entre le Talith Katan et le Talith Gadol ? Le Talith Katan, est plus petit, comme son nom l’indique, et ne couvre que le buste et le dos de l’homme qui le porte. Autant il est d’usage de porter le Talith Katan sous ses vêtements durant la journée, autant le Talith Gadol ne se porte que lors de la prière.
Le point de vue du juriste
Maïmonide dans les lois sur les Tsitsit au troisième chapitre écrit : « Il faudra toujours prendre garde à accomplir le précepte des Tsitsit puisque la Torah a donné à ce précepte autant de poids qu’à tous les autres préceptes réunis, comme il est dit : « Vous les verrez et vous vous souviendrez de tous les préceptes du Créateur » . On peut donc ainsi bien comprendre l’importance de cette Mitsva,qui à l’instar de quelques autres Mitsvot comme le Chabbath et les Téfilines, a autant de poids que toutes les autres Mitsvot réunies.
Pourquoi le Talith Gadol ?
Selon Maïmonide, il est nécessaire de se revêtir du Talith Gadol pendant la prière. Un enseignement du Midrach nous renseigne à ce sujet. Après la faute du veau d’or, le Créateur se révèle à Moïse et lui enseigne la procédure à suivre pour invoquer la miséricorde divine. Rabbi Yo’hanan enseigne : « le Créateur s’est enveloppé d’un Talith Gadol comme un ministre-officiant au moment de la prière et a indiqué à Moïse l’ordre à suivre pour la prière ». Depuis lors, l’habitude est de se couvrir du Talith Gadol lors de la prière du matin.
De quelle matière est fait le Talith Gadol ?
Etant donné que la Torah affirme qu’il est nécessaire de mettre des Tsitsit à un « Bégued », ce terme désignant un vêtement en hébreu, nos Sages affirment que la Torah désigne ici exclusivement un habit de lin ou de laine, dans la mesure où ces matières sont les plus précieuses offertes par le monde végétal et animal. Par conséquent, seul un habit en lin ou en laine pourvu évidemment de quatre coins, sera assujetti au précepte des Tsitsit. Les habits faits d’autres matières n’y sont pas astreints du point de vue de la Torah elle-même. Ils n’y seront astreints que par injonction rabbinique.
Différentes coutumes
En général, le Talith Gadol est en laine blanche avec des rayures noires, celles-ci semblent être un rappel de la destruction du Temple.Les Séfarades quant à eux préfèrent des rayures blanches, conformément aux exigences de la Kabbale. Dans les communautés juives du Yémen, le Talith Gadol était porté toute la journée et pas uniquement lors de la prière, à partir de l’âge de cinq ans. Les Yéménites adoptent pour leur part de larges rayures noires. On peut également trouver des Taliths , avec des rayures bleues, grises, bleues ou argentées.
Conclusion
Le Maharal de Prague explique que le Talith Gadol, du fait qu’il couvre la tête, préserve de toutes les distractions extérieures et aide celui qui le porte à se concentrer sur la prière. Le Midrach que nous avons cité nous permet de comprendre également que le Talith Gadol est destiné essentiellement à la prière, à l’inverse du Talit Katan, qui est destiné, lui, à nous rappeler en permanence l’impératif éthique et spirituel des commandements divins. Le Talith Gadol constitue donc un élément précieux dans la démarche de la prière, sachant que la prière en elle-même est une démarche qui consiste à se rapprocher du Créateur. Le fait d’être enveloppé par le Talith Gadol signifie symboliquement que nous sommes entourés par la Providence divine qui se rapproche de nous au moment de la prière. Il s’agit donc d’un mouvement à double sens : d’une part, celui de l’homme en prière qui s’élève vers son Créateur, d’autre part, celui de la Providence divine qui vient entourer le prieur de sa lumière infinie, symbolisée par le Talith Gadol…