Il est indiscutable que l’école juive est un pilier fondamental de l’éducation pour les communautés en diaspora. Des institutions scolaires solides bénéficiant d’un contrat avec l’état forment des milliers de jeunes aux études supérieures, tout en renforçant leur identité juive.
Apres avoir dans un premier article parlé des écoles Yavne et Lucien de Hirsh, nous allons aujourd’hui présenter l’école Maimonide ainsi que le réseau Ozar Hatorah qui ont une histoire bouleversante..
1/ L’école Maimonide en plein coeur de La ville de Boulogne Billancourt
L’école Maimonide a été fondée en 1935 à la veille de la seconde guerre mondiale par le Consistoire central de France dans un hôtel particulier offert par la famille Rothschild. Il ne s’agissait au début que d’un internat pour garcons. L’école Maïmonide a été nommée ainsi pour honorer le 800e anniversaire de Maïmonide (Rabbi Moshe ben Maimon). Sa mission : offrir une éducation combinant les valeurs juives traditionnelles et un enseignement académique de qualité. L’antisémitisme à cette époque connaissait une recrudescence en Europe, avec la montée du nazisme en Allemagne. Cette situation a poussé la communauté juive de France à chercher des moyens de protéger et de renforcer l’identité culturelle et religieuse de sa jeunesse. Il n’existait pas à l’époque d’établissement secondaire qui combinait une éducation générale et juive.
Rapidement, l’établissement scolaire déménage dans des locaux toujours à Boulogne, dans la petite rue des abondances. Cette adresse est toujours la même, aujourd’hui. En 1940 La guerre force la fermeture de l’école et la dissolution de l’association Maïmonide par les autorités de Vichy. Les locaux sont réquisitionnés par les troupes allemandes jusqu’à la libération de Paris en 1944. Après la libération, Marcus Cohn et Théo Dreyfuss s’efforcent de récupérer les locaux de l’école. Grâce à l’aide de la communauté, l’école rouvre ses portes et accueille les orphelins et les rescapés de la Shoah, parmi lesquels se trouve Elie Wiesel. L’internat pour garçons va alors se développé, et très vite, les filles seront admises en externat. L’école deviendra un lieu de reconstruction et de résilience des jeunes traumatisés par les horreurs de la guerre. l’école Maimonide renait de ses cendres.
Au fil des décennies, l’école a introduit des cursus variés. Les matières scientifiques, littéraires, et artistiques sont enseignées en parallèle aux études religieuses, permettant aux élèves de développer une compréhension holistique du monde. En dehors des cours, l’école propose de nombreuses activités parascolaires, et des voyages éducatifs, favorisant ainsi une éducation complète.
L’impact de l’école Maimonide va bien au-delà de ses murs. De nombreux anciens élèves ont réussi dans divers domaines, devenant des leaders dans leurs professions respectives. L’école a également été pionnière dans l’introduction de certaines innovations pédagogiques, influençant d’autres institutions éducatives.
Dirigée aujourd’hui par Laurence Fhima, la philosophie éducative de l’école Maïmonide repose sur l’idée que chaque élève doit être formé à devenir un individu éclairé, capable de contribuer positivement à la société. Les valeurs fondamentales incluent l’excellence académique, le respect des traditions juives, et le sionisme. En alliant tradition et excellence, l’école continue d’influencer positivement ses élèves et la communauté, assurant ainsi un avenir prometteur pour les générations à venir.
Le taux de réussite exceptionnel au baccalauréat 100%, plusieurs années de suite avec aussi environ 70% des élèves obtenant une mention prouve que le pari des dirigeants de l’école est réussi. L’engagement reste constant envers l’excellence académique et religieuse.
Fière de son attachement à l’état d’Israel, une antenne a été ouverte Apres de Tel Aviv : L’école Maïmonide- Mikvé Israël a été créée en partenariat avec le Groupe Scolaire Maïmonide Rambam de Boulogne-Billancourt, l’Alliance Israélite Universelle (AIU) et Mikvé Israël, en Israël. Ce partenariat vise à offrir une éducation juive et générale de haute qualité, basée sur le modèle de l’école Maïmonide en France, mais adaptée au contexte israélien.
L’histoire de l’école juive Maimonide est celle d’une institution qui, par son histoire, sa détermination et son engagement, a su créer un environnement éducatif de haut niveau, avec une réussite flagrante à la clef, celle de ses élèves.
2/ Le réseau ’’Ozar Ha Torah’’ le trésor de la Torah
Découvrons maintenant le premier réseau éducatif juif de France, ’’Ozar Ha torah’’ composé de 16 écoles et 3 000 élèves. De la crèche au Post-Bac, Ozar Ha torah propose un enseignement reconnu pour sa qualité tant en matières profanes que religieuses .
L’histoire d’Ozar Ha torah commence à la fin de la Seconde guerre mondiale, Sa mission initiale était de revitaliser l’éducation juive dans les communautés séfarades d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient après les ravages de la Shoah. Les communautés séfarades d’Afrique du Nord avaient été épargnées par la Shoah mais elles vivaient dans une terrible détresse économique et spirituelle pour plus d’un million d’enfants. C’est ce que constata Isaac Chalom, un philanthrope Américano-syrien qui visita ces régions dès 1934, il avait jugé les conditions de vie des Juifs désastreuses, sur le plan physique et spirituel. Cinq ans après avoir fondé l’école Meknez Mullah au Maroc, il établit un réseau de vingt-neuf écoles en Palestine mandataire avant 1945. Ozar Ha torah créa tout d’abord 29 écoles en Palestine, écoles prises en charge ensuite par l’État d’Israël. Après 1948, Ozar Ha torah prit alors un tournant décisif et décide de créer des écoles en Orient, partout où l’éducation juive n’existait pas. Les écoles du réseau ont souvent été situées dans des zones touchées par des conflits ou des mouvements migratoires importants, nécessitant des adaptations constantes pour assurer la sécurité et la continuité de l’éducation.Dans le milieu des années 50, plus de 70 écoles devenues de véritables refuges, pour plus de 20000 élèves en Syrie, au Maroc et en Iran. Ozar Ha torah exerça une influence notable sur la vie de la communauté juive d’Iran, en grande partie grâce aux efforts du rabbin Levi qui y a accompli une œuvre extraordinaire, mais aussi au Maroc où en 1953-54 le réseau Ozar Ha torah avait déjà 44 écoles avec 5440 élèves. en plus de l’éducation générale et du judaïsme, Dans chacune de ces écoles,’on distribuait des repas, des vêtements et des soins médicaux à une population vulnérable et en détresse.
La France étant la plus importante communauté juive d’Europe, notamment en raison des migrations des années 1950 et 1960 provenant du Maghreb et d’Égypte, Otzar Ha torah y consacre la majeure partie de son activité. En 1964, Isaac Shalom lui-même fonda une première école à Lyon. Le projet reçut une impulsion capitale avec l’arrivée du rabbin Jean-Paul Amoyelle en 1967. Aujourd’hui c’est plus de 16 établissements en France qui se sont distinguées par l’excellence de leurs résultats scolaires et la qualité de leur enseignement.
Impossible d’évoquer le nom ’’Ozar Ha Torah sans évoquer le drame qui a touché la communauté Le 19 mars 2012 a 8 heures du matin, heure de l’entrée des élèves. le terroriste Mohammed Merah, arrive devant l’établissement se gare, et dégaine un pistolet tuant Jonathan Sandler, rabbin et professeur âgé de 30 ans, alors qu’il essaie de protéger du tueur ses deux jeunes fils, Gabriel, 3 ans, et Aryeh, 6 ans, puis Merah les tue eux aussi, Il assassine ensuite Myriam Monsonégo 8 ans, la fille du directeur de l’école, Yaakov Monsonégo. Que leurs souvenir soient une bénédiction.
Il blesse grièvement durant l’attaque Aaron « Bryan » Bijaoui, âgé de 15 ans et demi
L’école Ozar Ha torah de Toulouse est nommée aujourd’hui « Ohr Torah » Lumière de la Torah.
Le réseau Ozar Ha torah pierre angulaire de l’éducation juive a eu un impact profond sur les communautés juives à travers le monde. Ses écoles ont formé des générations de jeunes juifs en combinant éducation religieuse et académique, il joue un rôle crucial dans la préservation et la transmission des valeurs et traditions juives aux générations futures.