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Recha Sternbuch : First Lady and Lady First !

Sur un cliché d’archive en noir et blanc, une femme très élégante, coiffée d’un turban couvrant ses cheveux conformément à la coutume juive, préside une réunion entourée d’hommes portant barbe et kippa. Cette photo insolite vient démentir de façon flagrante, s’il en était besoin, l’idée que le judaïsme traditionnel serait empreint de misogynie.
Recha Sternbuch : First Lady and Lady First !

Recha Sternbuch, car c’est d’elle qu’il s’agit, est assise à la gauche de son mari, Yits’hak Sternbuch : elle est au centre du débat, c’est évident. Entièrement concentrée sur son propos, tout dans son attitude reflète une extrême détermination et une aptitude à trancher. D’ailleurs, cette remarquable congrégation, toute masculine, si ce n’est un instant surprise par le flash, se trouve comme suspendue à ses lèvres.

 

Ce comité très spécial, composé de Juifs religieux, est le maillon helvétique du célèbre Va’ad ha-Hatsalah, organisme juif américain fondé par l’Union des rabbins orthodoxe pour secourir leurs coreligionnaires pris dans les filets des nazis à travers l’Europe.

C’est là, lors de ces rencontres, que seront pensées et mises en place des opérations clandestines aussi périlleuses que vitales, qui permettront à des dizaines de milliers de Juifs d’échapper aux chambres à gaz.

Mais rembobinons le film. Qui est donc cette femme exceptionnelle qui préside ces réunions ?

 

Recha Sternbuch est née en 1905 en Belgique, dans une famille juive orthodoxe. Son père, Rabbi Dovid Rottenberg, autorité rabbinique polonaise qui appartient à la prestigieuse Mo’etseth Guedolei Ha-Torah, a été appelé à Anvers pour y diriger la communauté hassidique.

Recha épouse Yits’hak Sternbuch, un riche homme d’affaires de Saint-Gall, érudit en Torah, avec qui elle s’installe en Suisse dans les années 1920. La main de la Providence placera ainsi, bien à l’avance, ce couple hors du commun en territoire neutre : de ce lieu stratégique, qui leur octroie une certaine liberté de mouvement, ils pourront plus facilement mettre en œuvre leurs actions à venir en faveur des Juifs persécutés par l’Allemagne nazie.

Dès l’arrivée de Hitler au pouvoir, Recha œuvre à la fois en macro et en microcosme : non seulement elle supervise et dirige les opérations, mais elle est aussi une femme de terrain. Elle n’hésite pas à se rendre elle-même, enceinte de quelques mois, dans les forêts longeant la frontière suisse et autrichienne pour aider des réfugiés à entrer en Suisse. Elle sera arrêtée, jetée en prison, et perdra l’enfant qu’elle portait.

Un Chabbat matin, jour de la bar-mitsva de son fils unique, elle apprend que trois jeunes Juifs ont été pris par les garde-frontières suisses et ont été conduits dans un camp en France occupée, dans l’attente de leur déportation : munie de faux-papiers et de sauf-conduits, elle saute sans hésiter dans un taxi, sachant que le sauvetage de vies prime sur le respect du Chabbat. Elle n’assiste certes pas à la cérémonie religieuse de son fils, mais elle trouve les mots pour le consoler : « Je t’ai apporté le plus beau des cadeaux, la vie de trois Juifs ! ».

Recha tisse des contacts avec intelligence, s’entourant des bonnes personnes, Juifs et non-Juifs, ce qui lui permet de coordonner un réseau fiable et extrêmement réactif de « travailleurs de l’ombre ». Elle sait repérer les Justes et les bonnes volontés. Elle agit de concert avec le policier des frontières du canton de Saint-Gall, Paul Grüninger, avec qui elle ouvre à 800 Juifs un passage clandestin vers la Suisse. Cet homme paiera son geste de son poste et sera démis de ses fonctions, mais il ne regrettera jamais son choix.

First lady

Elle établit également des liens avec le Vatican, via le nonce apostolique Mgr Philippe Bernadini, ce qui lui permet d’envoyer vivres et argent aux malheureux enfermés dans les camps. Grâce à une valise diplomatique polonaise, elle envoie, dès le 2 septembre 1942, un télégramme au comité du Va’ad aux USA, afin de les alerter et de confirmer les exterminations de masse perpétrées par les Allemands.

Elle va jusqu’à prendre contact avec Jean-Marie Musy, ancien président de la Confédération suisse et intime d’Himmler : elle parvient ainsi à négocier avec le chef nazi un accord, qui permettra la libération de 1200 Juifs du camp de Theresienstadt, contre une rançon d’un million de dollars.

 

Recha Sternbuch agira sans relâche au sein de la terrible tourmente qui frappe les Juifs d’Europe. On retrouve sa trace dans presque toutes les activités de secours aux Juifs, notamment dans l’obtention de milliers de visas sud-américains et chinois, permettant aux réfugiés de rejoindre des terres sûres.

Mais, tragiquement, celle qui aura sauvé tant de vies ne pourra pas épargner celle de son père :bien que, vers la fin de la guerre, elle ait obtenu sa libération du camp de Vittel où il était interné, le Rav Rottenberg refusa d’être libéré sans les autres détenus du camp de transit. N’ayant pas obtenu une réponse favorable, il fut déporté par le convoi n° 72 du 29 avril 1944 vers Auschwitz, où il périt avec son épouse Sarah.

 

Vous avez dit une femme vaillante ?

Recha, choisie par la Providence pour sauver les siens, tissa, à l’instar de l’Echeth ´Haïl du roi Salomon, l’un des plus grands et des plus solides réseaux clandestins de sauvetage des Juifs dans l’Europe occupée.

Après la guerre, elle visita inlassablement les camps de personnes déplacées, pour retrouver des enfants juifs survivants et les mettre en contact avec des familles juives d’accueil ou adoptives.

Que son souvenir soit pour toujours source de bénédictions… et d’inspiration. Amen.

(Rappelons que son frère était le Rouv, le légendaire dirigeant de la Communauté orthodoxe de la rue Pavée à Paris, pendant presque un demi-siècle. Elle était également la tante du Rav Mordekhaï Rottenberg qui assume la direction de cette communauté depuis la disparition de son père).

Recha Sternbuch

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