Allons voir du côté du Talmud qui semble ne devoir traiter que des lois liées au culte telles que la prière, la charité ou encore l’étude de la Torah, des décrets ayant pour but de rendre l’homme plus spirituel.
En y regardant de plus près, nous y apercevons une réalité bien différente, comme en témoigne ce passage du traité Chabbat (p. 82) :
« Rav Houna demanda à son fils Rabba : “Pourquoi n’étais-tu pas présent au cours de Rav Hisda dont les enseignements sont d’une grande pertinence ?” »
-Le fils de répondre : « Qu’ai-je à faire là-bas ? Il parle de choses mondaines dans ses leçons. »
Rachi d’expliquer : « Des choses vaines, sans Torah. » Puis le fils explique à son père que Rav Hisda faisait un cours sur la santé et comment se prévenir de certaines maladies.
C’est alors que Rav Houna réprimanda son fils en lui disant : « Il enseigne des médicamentations et toi tu appelles cela des choses vaines. Tu dois à plus forte raison être présent à ses leçons ! »
Ce passage du Talmud soulève une question, celle induite par le fils de Rav Houna : le fait de faire attention à sa santé trouverait-il son origine dans la Torah ?
Le Talmud répond par l’affirmative, et les commentateurs d’en retracer la source biblique « Vous garderez grandement vos âmes » (Deutéronome 4 :15)
Renforcer sa santé pour mieux connaître D.ieu
Maïmonide, Le Rambam, ayant fait une synthèse du corpus talmudique, propose une explication à cette injonction.
Il écrit dans le Michné Torah (Déot, chap. 4, al. 1) : « Puisque le fait qu’un corps en bonne santé fasse partie des voies du service divin, car un homme souffrant ne peut rien saisir de la connaissance divine, il est par conséquent requis de s’éloigner de toute chose causant la perte de la santé physique et de s’attacher à tout ce qui apporte une médicamentation au corps. »
Pour le Rambam, préserver son corps est donc indispensable pour être en mesure de saisir pleinement la connaissance divine. Autant dire que, d’après lui, préserver sa santé agit directement sur la qualité de la dialectique même de la Torah et, par extension, à celle des commandements divins (Mitsvot) et de tous les autres bons traits de caractère requis par la doctrine juive.
Le Rambam n’est pas le seul à faire du domaine de la santé une Mitsva à part entière, l’ensemble des décisionnaires lui ont emboîté le pas avec le Tour qui écrira dans son recueil de lois « C’est une Mitsva de se comporter de façon à préserver sa santé afin d’être robuste en vue du service divin » (Tour, Or Hahaim, chap. 125), repris par le Michna Béroura au même chapitre, alinéa 11.
Préserver sa santé afin de préserver sa vie
Cependant, il existe une autre raison, plus ontologique, pour laquelle préserver sa santé revient à réaliser un commandement divin, il s’agit d’un autre passage du Talmud.
Au traité Baba Batra (page 144) et Kétoubot (page 30), il est enseigné : « Tout est décrété par le Ciel, sauf les coups de froid » et d’ajouter : « Il ne s’agit pas uniquement des coups de froid, mais de toutes les catastrophes naturelles dont un homme peut se protéger comme, par exemple, de consommer quelque chose de nocif. » (Baba Batra, page 144)
Nous sommes les garants de notre santé, D.ieu nous offre par là le mérite d’être les dignes responsables de notre vie ainsi que de l’entretien de nos corps.
Aujourd’hui, avec l’abondance de produits artificiellement modifiés et un mode de vie qui a tendance à se sédentariser de jour en jour depuis l’avènement des ordinateurs, les défis sont devenus les lots du quotidien dans le domaine de la santé et les pièges de plus en plus nombreux.
Néanmoins, tout comme la prière ou les lois de la cacherout sont les expressions de notre service divin, examiner les produits que nous consommons, leur teneur en matières grasses et en sucre ou encore enfiler ses baskets pour un footing le sont tout autant. C’est à propos de cette sorte de Mitsvot que le roi Salomon disait « Dans tous tes chemins, connais-Le » (Proverbes 3 :6)