À chaque période sombre que traverse le peuple d’Israël, les artistes israéliens sont des points d’ancrage et suscitent à la fois, dans le pays et au-delà des frontières, l’enthousiasme, la ferveur et l’espérance : le chanteur et compositeur Hanan Ben Ari occupe, depuis la date noire du 7 octobre, une place particulière dans le cœur des Israéliens, des soldats et des Juifs en galout qui fredonnent ses mélodies : il est là, devant des réservistes dans une zone de rassemblement, dans le sud du pays, pour renforcer le moral des troupes. Il est là, à Gaza, pour allumer, pendant Hanoucca, des bougies avec les combattants. Il est là, avec sa guitare, dans les bases de Tsahal depuis le début de la guerre et dans les hôpitaux, pour partager les souffrances, les blessures et raviver l’espoir des soldats blessés et des familles endeuillées.
Fidèle à lui-même, à ses valeurs, à ses convictions et à son peuple.
Un artiste religieux qui fait l’unanimité
Depuis ses débuts, Hanan Ben Ari fait partie des rares artistes religieux à connaître le succès partout, y compris au sein du courant laïc israélien. Né en 1988, 5ᵉ d’une fratrie de six, Hanan grandit à Karnei Shomron, à l’est de Kfar Saba. Son père est hazan et le chant fait partie intégrante de la vie, à la maison. Hanan commence à composer de la musique et à écrire des chansons peu avant sa Bar Mitsva. Il fréquente une Yeshiva à Mitzpe Ramon et s’investit à Neve Dekalim dans le Gush Katif, témoin du désengagement israélien de Gaza, avant de servir Tsahal dans le bataillon Netzah Yehuda.
Avant de se lancer dans une carrière musicale à plein temps, Hanan Ben Ari enseigne dans un lycée alternatif de Petah Tikva, écrit et édite un magazine religieux pour la jeunesse, Olam Katan – avec sa femme – et chante dans un orchestre de mariage juif, Hakolot. Son premier single, Mimecha ad Elay sort en 2014 et se réfère au Cantique des Cantiques. Plus tard, sa merveilleuse chanson, Hachaim Shelanu Tutim, atteint la première place du classement hebdomadaire de Media Forest et, consécration suprême, est parodiée dans l’émission de la télévision israélienne Eretz Nehederet !
Son tout premier album sort en 2016. Il s’appelle Izun (balance) et a été financé par le site Web Headstart, récoltant plus de 100 000 shekels. Là où d’autres tergiverseraient, Hanan Ben Ari est clair dès ses débuts : il revendique à la fois des influences religieuses – Carlebach, Avraham Fried ou Mordehaï ben David – et d’autres, plus « profanes » comme Alicia Keys, Eminem et Nina Simone ! C’est ce mélange-là qui est sa « marque de fabrique » à lui. Il se produit en tournée dans tout Israël, fédérant, autour de sa personnalité chaleureuse, sensible et unique, toutes les franges de la population israélienne. Il remporte le prix de la chanson de l’année en 2017 et sort, dans la foulée, son deuxième album, Lo levad.
Des chansons universelles
En février 2019, Hanan Ben Ari écrit la chanson qui va devenir un des emblèmes de la reconstruction après le 7 octobre, pour les survivants et les blessés, Aluf ha’olam, sorte de version israélienne du We are the champions de Freddie Mercury. En 2020, sa chanson Im tirtsi (si tu veux) arrive en 2ᵉ place dans les sondages israéliens.
Deux ans plus tard, des terroristes palestiniens assassinent Yaacov Israel, Asher Menahem, Hillel Yaniv et Yagel Yaniv. La chanson de Hanan Ben Ari est chantée pour l’élévation de leurs âmes, la consolation de leurs familles et de tout un peuple endeuillé.
Hanan Ben Ari compose Moledet qu’on pourrait traduire par « Mère Patrie », avant le 7 octobre et le déclenchement de la guerre. Sa chanson est aujourd’hui dédiée à l’État d’Israël et à son peuple, avec ce commentaire du compositeur : « Nous avons la plus belle nation du monde ! Descendez dans la rue et voyez : la nation d’Israël est vivante. » Il précise qu’il ne dédie pas cette chanson à l’État d’Israël « d’avant », « mais à celui que nous reconstruirons quand tout cela sera fini. Quand nous sortirons de l’enfer et reviendrons de la bataille ». La force et la tendresse, toujours.
Un artiste engagé au quotidien
Après le 7 octobre, il écrit aussi : « Écrivez-moi des messages privés, je suis votre soldat », se mettant à la disposition des familles, pour venir consoler, soutenir ou accompagner à la demande, partout en Israël. Père de sept enfants, Hanan Ben Ari n’est pas réserviste. Alors, il se produit à l’hôpital Ichilov de Tel Aviv, au mariage improvisé d’un soldat, partout là où on le demande pour apporter réconfort et consolation.
Chacune de ses chansons résonne aujourd’hui avec une intensité plus forte, que ce soit Amen sur les enfants, la plus diffusée sur les radios, ou Laïla tov Shon, derniers mots d’amour d’un soldat à ses proches, inspirée d’une histoire malheureusement vraie.
Hanan Ben Ari est un enfant d’Israël, un pur, un vrai, engagé, humain et solidaire, qui vit sa vie au rythme des épreuves de son pays et de sa foi vibrante. Sa présence, son enthousiasme, sa force, sa voix et son sourire accompagnent les soldats et les familles au milieu de l’obscurité. Il chante, malgré ou avec son cœur brisé, et donne ses mots aux héros de notre époque, mutilés ou silencieux. Ses textes, même écrits avant les événements tragiques du 7 octobre, collent parfaitement aux sentiments, aux espoirs, aux douleurs, de tout son peuple. Tous horizons confondus. Sa voix n’a pas fini de faire vibrer le peuple juif.