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Françoise Giroud, toute sa vie loin du judaïsme

Il y a 50 ans, en 1974, Françoise Giroud devenait la première Secrétaire d’État à la Condition féminine, nommée par le président Valéry Giscard d’Estaing. Toujours dans la lumière, la célèbre journaliste co-fondatrice de L’Express avait aussi sa part d’ombre. Son petit-fils, le rabbin Aaron Eliacheff qui dirige à Strasbourg l’Institut Talmud et Transmission, revient sur sa judéité silencieuse.
Francoise Giroud

À 19 ans, en 1982, celui qui se prénommait encore Nicolas, interroge sa grand-mère sur ses origines. Françoise Giroud botte en touche. Six ans plus tard, elle lui délivre sa version : « Ta grand-mère est née juive. Pour te dire cela, je dois rompre un serment fait à ma mère sur son lit de mort  ». Une mère, Elda Faraggi, originaire de Salonique, avec qui elle entretiendra une relation fusionnelle jusqu’à sa mort en 1959. 

Comment expliquer cette volonté de cacher son identité juive et de ne pas la transmettre ? Pour Aaron Eliacheff, « encore faut-il qu’il y ait du judaïsme à transmettre. Chez ma grand-mère, il n’y avait pas de judaïsme tout court. Au contraire, il lui avait été transmis qu’il ne fallait pas transmettre quelque chose qu’elle pensait être un danger pour sa famille, et le judaïsme en faisait partie. Elle était d’une lucidité à toute épreuve et, à raison, elle savait que la vie de juif, à un moment ou à un autre, finit en tragédie ».

Loin de la religion, celle qui ne voulait pas que sa progéniture souffre d’être juive excellera dans ses analyses de la société humaine en réinventant un journalisme sans idéologie.

Tout le contraire de son père qui lui transmettra le virus du métier : Salih Gurdji, journaliste, né à Bagdad en 1883, issu d’une famille juive séfarade, participa au mouvement révolutionnaire des Jeunes-Turcs. À Constantinople, en 1911, il fonde l’Agence télégraphique ottomane. En 1914, ses idées l’obligent à fuir la Turquie, alliée de l’Allemagne. Direction la Suisse où Léa France (Françoise) naît en 1916 à Lausanne, puis Paris. 

 

Lorsque son père meurt de la syphilis à 44 ans, les difficultés financières s’abattent sur la famille installée à Paris. Léa France doit quitter le lycée à 14 ans pour apprendre la dactylographie. 

En 1932, elle débute comme script du réalisateur Marc Allégret. Assistante de Jean Renoir et de Pierre Billon en 1937, puis scénariste de Jacques Becker, elle prendra le nom de Françoise Giroud, quasi anagramme de Gourdji, pour travailler à la radio, au Poste parisien, en 1938.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Gourdji développent des stratégies pour échapper aux lois anti-juives. En zone libre à Clermont-Ferrand, Françoise, avec sa mère et sa sœur aînée Djénane, ne se font pas recenser. Elles obtiennent des faux actes de baptême délivrés par le chanoine Bardet, curé à Montcombroux-les-Mines (Allier). 

 

À Lyon, elle reste quelques mois au journal Paris-Soir puis rentre à Paris en 1942. Françoise ne portera pas l’étoile jaune. De nationalité suisse, pays neutre, elle aurait été exemptée, mais elle se déclare de « race aryenne » sous la foi du serment, pour continuer de travailler dans le cinéma. 

Agent de liaison pour la Résistance à la demande de sa sœur, elle sera arrêtée par la Gestapo sous l’accusation d’avoir hébergé un chef de l’Armée secrète. Incarcérée à Fresnes de mars à juin 1944, elle sera libérée grâce à l’intervention de l’agent double collaborateur Joseph Joanovici, une relation russe de son mari, Anatole Eliacheff, producteur de cinéma. 

En 1947, Françoise met au monde Caroline qui recevra une éducation religieuse catholique comme pour refouler une fois de plus le judaïsme et la protéger de l’antisémitisme. Mariée à 15 ans à l’acteur Robert Hossein, la future psychanalyste, pédopsychiatre et scénariste de films de Claude Chabrol, donne à son tour naissance à Nicolas en 1964.

 

Retour aux sources

 

En devenant rabbin, Nicolas Eliacheff (désormais prénommé Aaron), qui se destinait à devenir comédien sur les traces de son père, réparera ces ruptures familiales successives. « C’est peut-être dans le rôle de rabbin que j’ai retrouvé ma profession d’acteur ! (…) Quand j’ai su que j’étais Juif, j’ai voulu être Juif. Pas jouer le rôle du juif. Pas faire semblant, pas parler de judaïsme, pas jouer un rôle social, donc… surtout ne pas être rabbin ! Je voulais juste être en cohérence avec ce qui m’interrogeait depuis plusieurs années. Ma rencontre avec le Rav Gronstein m’a permis de savoir ce qu’est être juif. Et plus je l’ai compris, plus je me suis rendu compte que mon beau-père Marin Karmitz était beaucoup plus juif que moi. » (Ndlr : en 1998, le producteur de cinéma, immigré juif roumain, a fondé à Paris un Beith Hamidrash avec le Rav Gronstein)

À l’Institut Talmud et Transmission de Strasbourg, Aaron Eliacheff reconnaît qu’il dirige un « lieu atypique, une sorte de start-up dans le rabbinat » où il bénéficie de beaucoup de liberté. 

Comme un clin d’œil à l’esprit de sa grand-mère disparue en 2003, à l’âge de 86 ans.

 

Propos recueillis par Thierry Noël-Guitelman.

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