fbpx
Rechercher
Les plus populaires

L’âme du Klezmer : des rues du Shtetl au renouveau international

Voyage à travers le temps : les synagogues oubliées du Moyen-Orient

Le prénom Moïse ou la patience à l’épreuve

Figures du judaïsme en Andalousie islamique : De Maïmonide à ha’Nagid…

La puissance du choix selon Anne Frank

Michal et Athalia : L’amour, le pouvoir et la tragédie des Reines de Jérusalem

Le mois de Av : le juif à l’oreille cassée

Entre résilience et tragédie : 1000 Ans de présence juive en Ukraine

Les grandes écoles juives de France: Maïmonide et Ozar Ha Torah

Dis moi d’où vient ce mot ? Origine et apport de l’hébreu

Partager

Le Mikveh de Montpellier : un joyau médiéval

Il est l’un des mieux conservés d’Europe, l’un des plus célèbres depuis sa redécouverte dans le courant des années 1980, et surtout l’un des plus beaux !
Le Mikveh de Montpellier : un joyau médiéval

Rue de la Barralerie, dans l’ancienne artère principale du quartier juif médiéval du fief seigneurial des Guilhem (fin XIe-début XIIIe siècle), apparaît à cinq mètres sous la chaussée, accessible par un escalier étroit, le célèbre « mikveh de Montpellier ».

Dans les faits, il s’agit en réalité d’un espace composite, tels que l’on en trouvera, à la fin du Moyen Âge, un peu plus à l’est, à Cavaillon et Carpentras, pour rester dans le Midi de la France.

D’après des sources historiques, les vestiges retrouvés à Montpellier auraient regroupé une synagogue, une maison d’aumône (domus helemosine dans les archives), une maison d’étude (yeshivah) ; et surtout, un bain rituel (mikveh), qui attire aujourd’hui des visiteurs du monde entier.

Le mikveh, qui constitue le bien le plus exceptionnel de cette Schola Judeorum, a pu être daté de la fin du XIIe siècle, ce qui en ferait l’un des plus anciens d’Europe, avec ceux de Syracuse, Cologne ou encore Spire…

Re-découvert fortuitement au début des années 1980 à l’occasion de fouilles dans la cave à charbon d’un hôtel particulier du XVIIIe siècle, le site a somptueusement été restauré par le maire, Georges Frêche, à l’occasion des célébrations du millénaire de Montpellier en 1985.

Préservé dans son écrin, le complexe a été aménagé — comme tous les bains rituels de la même époque — à proximité immédiate d’une source d’eau souterraine, constamment renouvelée pour répondre aux exigences de la Loi juive, imposant de recourir à des eaux vives pour réaliser la purification du corps à l’issue des menstrues pour les femmes, et à la veille du chabbat et des fêtes religieuses pour les hommes pieux.

Comme surgi des tréfonds de l’histoire, apparaissent devant le visiteur privilégié — dans la pénombre de ce souterrain — la salle de déshabillage, un bassin d’immersion, accompagné de ses quinze marches et de sa délicate fenêtre géminée à colonnette et décor végétal, caractéristiques du style roman.

Le mikveh a par ailleurs conservé de son état d’origine son élévation, ses murs, ainsi que sa voûte en plein centre.

Ailleurs en France, ces bassins rituels ont presque tous disparu ou ont souvent fait l’objet de modifications comme à Strasbourg, où une ouverture zénithale a probablement modifié l’usage du mikveh après son « abandon » lors de l’expulsion définitive des Juifs à la fin du XIVe siècle.

 

D’éminents « visiteurs »

Si la première mention de Juifs à Montpellier ne remonte qu’à 1121, il convient de noter que la ville jouit, à la fin du XIIe siècle, d’un renom certain.

En 1165, lorsque le célèbre rabbin-voyageur Benjamin de Tudèle visite la ville, il signale déjà, dans son Sefer massa’oth, la présence de plusieurs centres d’études talmudiques majeurs (Bateï midrashoth kvou’oth leTalmud).

La cité médiévale fondée au Xe siècle accueille en effet à cette période de nombreux spécialistes en sciences des écoles juives de médecine et d’astronomie de la ville voisine de Lunel.

En provenance de cette dernière, une célèbre dynastie de rabbins traducteurs, les Tibbonides, s’installent à Montpellier au XIIIe siècle.

Initialement originaires d’Andalousie, ils vont marquer l’âge d’or du judaïsme languedocien, en donnant au monde ashkénaze accès aux grands textes de la littérature sépharade, ceux de Sa’adia Gaon, de Bahya ibn Paqouda et Judah Halévi, mais aussi et surtout le Guide des Egarés du Rambam (Maïmonide).

Lorsque l’on foule les marches du mikveh médiéval de Montpellier, c’est ainsi tout un imaginaire spirituel qui s’anime et on se figure, à notre place, quelques-uns des grands maîtres du judaïsme médiéval : Judah ben Moshe ibn Tibbon (rabbin de Montpellier au XIIIe siècle), son cousin Jacob ben Makhir (Profacius), et avant eux, Rabbi Jonathan ben David HaCohen de Lunel (v. 1136-apr. 1210), qui aurait vécu à Montpellier jusqu’en 1194, avant de s’installer à Lunel, où il devait devenir l’un des commentateurs les plus réputés du Talmud.

Abandonné à la fin du XIVe siècle, lors de l’expulsion générale des Juifs de France, le mikveh de Montpellier est aujourd’hui au cœur de toutes les attentions.

Classé « Monument historique » depuis 2004, le site, qui continue de faire l’objet d’investigations archéologiques, accueille « l’Espace culturel hébraïque », où est basé, depuis 2016, une plate-forme de rencontre des trois monothéismes, sous le nom d’« Institut universitaire Maïmonide – Averroès – Thomas d’Aquin ».

Ouvert toute l’année aux visiteurs (certains jours de la semaine ou sur demande auprès de l’Office du tourisme local), ainsi que lors des Journées du Patrimoine, le mikveh est devenu, ces dernières années, l’une des principales attractions de la ville qui a souhaité, en 2008, offrir aux passants sept vitrines didactiques qui relatent l’histoire des Juifs du Midi.

Une réponse

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Partager

A découvrir également sur Yedia

Whatsapp Yedia

Ne manquez plus aucun contenu sur Yedia en rejoignant notre groupe Whatsapp. Une diffusion quotidienne.

Newsletter Yedia

Vous souhaitez recevoir la newsletter mensuelle de Yedia avec l’ensemble des articles, podcasts, et vidéos du site. Inscrivez-vous ici sans plus attendre.

Facebook Yedia

Ne manquez plus aucun contenu sur Yedia en rejoignant notre communauté Instagram.

Youtube Yedia

Ne manquez plus aucun contenu sur Yedia en rejoignant notre groupe Whatsapp. Une diffusion quotidienne.

Spotify Yedia

Retrouvez tous nos podcasts sur Spotify.  Il suffit de vous abonner à notre chaîne pour les écouter directement.

Yedia est un média dédié au Judaïsme, à sa culture, son patrimoine, et à son identité. Grâce aux contributions de ses auteurs et producteurs de contenus, issus de tous horizons, il se veut le témoin de sa richesse, et de sa diversité.

Art et culture, langue et écriture, société, histoire, sciences, lifestyle, judaïsme, sont les thématiques qui traversent Yedia.
Articles, podcasts, vidéos, sont disponibles sur la plateforme et permettent à tous à tout moment de pouvoir accéder au contenu.
Enfin Yedia se veut ancré dans l’époque dont il est issu, voire même dans le futur. Une partie des contenus sont consultables dans un metaverse accessible depuis le site Yedia.
Dans un monde dans lequel le savoir se dilue plus rapidement que l’ignorance, nous pensons que la connaissance est faite pour être partagée…au plus grand nombre, à tous, sans distinction.

Partager sans distinguer, et distinguer la connaissance de la croyance, afin de la faire comprendre, simplement et au plus grand nombre.
Sans partage, il n’y a pas de lumière.


Et ce qui n’est pas éclairé, reste dans l’obscurité.

Newsletter

Abonnez vous à la Newsletter de Yedia

Il vous suffit de remplir le formulaire ci-dessous.

En savoir plus sur Yedia.org

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading