Jacob ne change pas de prénom, comme l’ont fait Abraham et Sarah, afin de changer de destinée : il en reçoit un de plus. Il s’appellera parfois Jacob, d’autre fois Israël. On apprend ainsi qu’il a deux rôles à remplir.
Le Baal Chem Tov est à l’origine du Hassidisme, et de tous les mouvements qui en ont découlés : Habad, Breslev, Belz, Gour, Karlin, Vishnitz, et tant d’autres, sans qu’il n’ait jamais lui-même écrit ni laissé de trace papier de son enseignement.
Lui-même s’est contenté de transmettre par son exemple, par sa parole, par ses miracles, par son comportement.
Un jour, le Juste entra dans une synagogue et s’exclama aussitôt : « Il y a trop de prières ici ! » Paradoxe encore. N’était-ce pas, au contraire, une bonne chose qu’il y ait trop de prières dans un lieu de prières ?
Devant l’incrédulité de ses élèves, le Baal Chem Tov s’expliqua : « Trop de prières sont restées dans ce lieu sans s’élever là où elles doivent s’élever et sont restées bloquées entre les murs et le plafond de ce lieu ».
Pourquoi donc ?
Parce que ces prières sont restées cantonnées au niveau de la bouche, prononcées certes, mais privées de leurs ailes. De quelles sortes d’ailes s’agissait-il au juste ?
Celles qui permettent à nos prières de s’élever, de décoller pourrait-on même dire, pour toucher l’Infini : les ailes de l’amour et de la crainte.
En d’autres termes : les ailes du désir… Ce désir de s’attacher à Dieu, quelle que soit notre situation, quelle que soit notre condition sociale, notre niveau religieux.
Le Baal Chem Tov vivait à une époque de castes : il existait des synagogues pour érudits, des synagogues pour ignorants ou presque, sans que les deux mondes ne se côtoient et sans que les seconds aient droit à la considération.
Pourtant, nombreux étaient les Juifs à ne connaître que les Psaumes qu’ils récitaient toutefois régulièrement, d’un cœur sincère, quand les érudits pensaient qu’il s’agissait d’une perte de temps puisque l’essentiel était d’étudier la Torah.
Où était donc passée la simplicité ?
Car l’essentiel, pour le Baal Chem Tov, le plus haut degré d’aspiration d’un Juif était de devenir un « Yéhoudi pachout » — un Juif simple.
Qu’est-ce que la simplicité au juste ? Selon le Baal Chem Tov, elle se manifestait lorsqu’un homme ou une femme, Juif, disaient simplement « Baroukh Hachem » — « D.ieu soit Béni » — ou « Toda la El » — « Merci mon D.ieu » —, de petites expressions du quotidien mais qui, selon le Juste, procuraient la plus grande des joies au Créateur.
Provi-danse divine –
Qui était donc Rabbi Israël Baal Chem Tov ?
À cette époque, il fallait coûte que coûte refaire battre le cœur du peuple juif, c’était urgent.
Quand une personne s’évanouit, lorsqu’elle perd connaissance ,on doit s’approcher d’elle et lui murmurer à l’oreille son prénom.
C’est ainsi que le Juste insuffla de l’énergie à son peuple en l’appelant par son nom : peuple d’Israël, car il fallait rappeler au peuple son identité profonde.
À tous ceux qui affirmaient que depuis que D.ieu avait créé Son monde, Il l’avait plus ou moins laissé entre les mains de l’homme, sans jamais intervenir ou presque, le Baal Chem Tov surgit avec cette notion de « Hachgaha pratit » — « la Providence divine ».
Au regard de cette notion, tout est dirigé selon la Providence divine, le Juste alla jusqu’à la généraliser et en faire un concept « total », tel que même les circonvolutions d’une feuille qui tombe de son arbre, jusqu’à ce qu’elle tombe à terre et l’endroit précis où elle tombe : tout cela soit orchestré par la Volonté divine.
Mi-ange mi-homme, il fut le Juste aux innombrables miracles et si proche de son peuple.
Capable d’allumer un feu à partir d’un morceau de neige, capable de lancer sa ceinture de prière (le gartel) pour un faire un petit pont pour passer au-dessus d’un ruisseau, lui dont on dit qu’il aurait pu, sans l’ombre d’un doute, monter vivant dans l’autre monde, n’était-ce sa propre volonté de respecter l’injonction de la Genèse « Tu es né de la poussière et tu retourneras à la poussière ».
La tradition hassidique va jusqu’à affirmer que le Baal Chem Tov s’est enterré lui-même, au jour où il quitta ce monde, le jour de la fête de Chavouot.
Invraisemblable penserez-vous ? Et pourtant…
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