Victor Mirkin est né en 1909 à Ekaterinoslav (aujourd’hui Dnipro en Ukraine) dans l’Empire russe. Il a donc moins de dix ans en 1917, quand ses parents s’installent en France, fuyant la révolution bolchévique.
Il termine sa brillante scolarité au lycée Pasteur à Neuilly-sur-Seine (en même temps que l’écrivain Henri Troyat, lui aussi exilé de Russie), puis devient avocat.
Officier de réserve de l’armée française, il vit quelques années à Londres, où il obtient son équivalence de droit.
Militant du mouvement sioniste Beitar, il va diriger en France puis à Riga, en Lettonie, des camps d’entraînement pour les animateurs du mouvement Beitar.
En 1937, il réalise son rêve et s’installe à ‘Haïfa, alors en Palestine mandataire, et change son prénom, devenant Avigdor.
Peu de temps après son arrivée, il est nommé directeur adjoint de la PICA (Palestine Jewish Colonization Association), fondée par le baron Edmond de Rothschild, afi n de développer les communautés agricoles juives en Terre d’ Israël.
Dans le cadre de ses activités au sein de cette société, il fonde en 1939 le village de Tel Tsour dans le nord d‘Israël, qui servira de base d’entraînement aux membres de l’Irgoun.
Ceinture noire de judo, il était aussi entraîneur dans un club d’arts martiaux à ‘Haïfa, avec son ami Eliahou Litani, qui comme lui combattra les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.
Quand la guerre éclate, il rejoint les forces françaises en Syrie et combat jusqu’en juillet 1940. Refusant la capitulation, il rejoint dès sa démobilisation les Forces Françaises Libres (FFL) et poursuit les combats en Libye (Tobrouk) puis en Syrie.
Blessé devant Damas, il est soigné en Syrie puis repart avec le grade de capitaine rejoindre dans le désert lybien ses hommes, dont certains venus comme lui d’Erets Israël : il participe alors à la bataille d’El Alamein en 1942, quand les Alliés repoussent les forces allemandes du général Rommel.
En Tunisie, en mai 1943, il est affecté à l’État-Major de la 1ère Division française libre, sous les ordres du général Brosset. Il participe ensuite à la campagne d’Italie à partir d’avril 1944, puis au débarquement en Provence et, le 23 août 1944, à la libération de Toulon : il réussit alors l’exploit, avec l’appui de deux blindés seulement, d’obtenir la capitulation de 800 Allemands dont 17 offi ciers, dans le quartier de Saint-Jean-du-Var.
Nommé chef d’État-Major de la 4e Brigade de la 1ère Division française libre pendant la campagne de France, avec le grade de commandant, il meurt en menant ses hommes à l’assaut dans le village de Grosmagny (Vosges) d’une balle dans la tête, tirée par des soldats allemands se cachant dans une église.
Il fait partie, à titre posthume, des 1038 hommes et femmes à avoir été nommés à l’Ordre des Compagnons de la Libération. Récipiendaire de son vivant et à titre posthume de nombreuses autres décorations, son nom est inscrit au Musée des combattants juifs de Latroun.
Il fut aussi l’un des rares soldats non américains à recevoir la DSC, la plus haute médaille militaire décernée par l’armée américaine.
En 1957, un parc est nommé à son nom à Pardess ‘Hannah, en Israël ; après que cette place ait changé de nom, son fi ls, avocat à Tel Aviv, obtient en 2007 la possibilité de nommer une nouvelle place à sa mémoire, le Square Victor Mirkin, à la sortie de la gare de cette petite ville.
Une stèle rappelant brièvement son exceptionnel parcours, en hébreu et en français, se trouve dans ce square.
Victor Mirkin, un nom qui rayonne au firmament des héros juifs du temps de la Shoah.