L’expression « Bar-mitsva »
.Cette expression signifie littéralement fils de la mitsva (commandement divin). Lorsque l’on souhaite désigner en hébreu un habitué d’une maison ou d’une famille, on le désignera sous le terme évocateur de ben baït, ce qui signifie littéralement « fils de la maison ». Le terme de ben et son équivalent araméen bar, décrivent un lien fort entre une personne donnée et un lieu ou un concept. Lorsque l’on désigne un jeune homme sous le terme de Bar-mitsva, l’on évoque un lien fort entre ce jeune homme et la mitsva que l’on peut même qualifier, dans le présent contexte, d’indestructible. Ce jeune homme, que l’on considérait la veille au soir comme un enfant non-soumis à l’obligation religieuse au sens large du terme, se trouve subitement propulsé sur le devant de la scène, par la magie d’une date.
Quand devient-on Bar-mitsva ?
D’après le Tossfot Yom Tov et le Mahari Brouna, le jour de la Bar-mitsva est le jour de la naissance, 13 ans plus tard, auquel on ajoute vingt-quatre heures. Il est clair que le seul calendrier pris en compte ici est le calendrier hébraïque, ce qui veut dire concrètement qu’il faudra utiliser un convertisseur de dates, pour passer du calendrier grégorien ou autre, au calendrier hébraïque. Si l’on devait donner un exemple, cela pourrait être celui-là : un enfant naît le dix-huit Iyar 5772, à onze heures du matin. Treize ans plus tard, le dix-huit Iyar 5783, à onze heures du matin, il n’est pas encore assujetti aux commandements de la Torah. Mais dès que tombe la nuit et qu’on entre dans le dix-neuf Iyar, sachant que dans le calendrier juif, le jour commence la veille au soir, il devient Bar Mitsva.
Pourquoi treize ans ?
D’après le Roch (Rabbénou Acher) qui était l’élève du Maharam de Rottembourg, l’âge de la Bar-mitsva est une loi transmise à Moché, notre maître, sur le mont Sinaï : « Halakha Lé-Moché Mi-Sinaï ». D’autre part, nous avons une michna explicite dans les Maximes des Pères, au chapitre cinq, Michna 24 qui nous affirme qu’à treize ans, un jeune homme se trouve assujetti aux mitsvot. Nous pouvons constater par ailleurs que cet âge est celui de la puberté, ceci impliquant des changements au niveau corporel, qui transformeront un enfant en adulte. Ces changements physiques s’accompagnent de changements au niveau psychologique, ce que l’on dénomme adolescence, en hébreu naarout ; naarout, étant apparenté à la forme verbale léhitnaere, signifiant littéralement « se secouer », venant clairement indiquer que le jeune homme entre dans une période de secousses, menant à une remise en cause de son univers et de ses repères enfantins. Sachant que dans la perspective juive, les changements dans le monde physique, et par extension psychologique, ne sont que des reflets de changements au niveau spirituel.
Sans explorer davantage ce terrain, nous pouvons constater que lorsque l’on additionne la valeur numérique des lettres du mot E’had, signifiant « le chiffre » un en hébreu, on obtient le chiffre treize. On peut comprendre cela comme une allusion au fait que le jeune Bar-mitsva va devoir intégrer la principale leçon du judaïsme, à savoir l’unicité du Créateur.
La cérémonie de la Bar-mitsva
D’ailleurs, ce n’est pas le fait du hasard si la première mitsva à laquelle est confronté le jeune Bar-mitsva est le commandement de la lecture du Chéma Israël, le soir où il devient Bar-mitsva, qui contient les vérités fondamentales du judaïsme et notamment celle de l’unicité du Créateur. Dès le lendemain, il mettra les phylactères (Téfiline) à la synagogue, mais pas forcément pour la première fois. Bien qu’en effet, l’accomplissement des mitsvot n’incombe pas au mineur, il existe toutefois une obligation pour le père d’initier son fils aux mitsvot. Or ce devoir d’éducation va inclure étonnamment jusqu’aux phylactères, comme il est rapporté dans le traité Arakhin 2b du Talmud de Babylone, qu’« un enfant qui sait respecter la sainteté des phylactères, son père lui en achète ». Là, les coutumes divergent : certains initient leurs fils au port des phylactères un an avant la Bar-mitsva (Sépharades), tandis que d’autres se contentent de deux mois avant (Ashkénazes).
Le jeune Bar-mitsva mettra aussi le grand châle de prière, Talith Gadol en hébreu. Il montera également à la Torah pour lire dans le rouleau de la Torah, s’il s’agit d’un lundi ou d’un jeudi. Le Chabbat suivant le jour officiel de sa Bar-mitsva sera appelé Chabbat ‘Hatan, au sens ou le Bar-mitsva sera le ‘Hatan, c’est-à-dire le héros de la fête. Il montera à la Torah pour y lire les trois derniers versets de la péricope ainsi que le texte de la Haftara, issu des Prophètes. S’il s’y est préparé sérieusement, il pourra lire toute la péricope, sachant qu’il devra connaître par cœur aussi bien la cantillation que la vocalisation qui ne sont pas notifiées dans le rouleau de la Torah. Il est bon que les parents offrent à la congrégation un repas de mitsva ainsi que le veut la tradition, ceci mettant en valeur la solennité de l’évènement.
Conclusion
La Bar-mitsva est donc un événement de première importance dans la vie d’un juif et vient s’inscrire dans la continuité de la Brit Mila. La Brit Mila est la première alliance que conclut un Juif avec son Créateur, certes à un âge (huit jours) où il n’a guère conscience de l’enjeu… Treize ans plus tard, enfin majeur, il découvre un monde d’engagement et de responsabilité qui lui permettra de se positionner en tant que Juif engagé dans l’édifice spirituel plusieurs fois millénaire du peuple d’Israël. La Bar-mitsva est une seconde alliance que conclut ce jeune Juif avec Son Créateur, qui devra le propulser vers des sommets spirituels et le préparer un jour à s’engager dans cette grande aventure humaine et sentimentale qui fera de lui un homme accompli, à savoir le mariage… Mais chaque chose en son temps…