Le signe du verseau correspond au mois de Chevat, qui est le cinquième mois de l’hiver. En Hébreu, ce signe se dénomme Dli— le seau.
Le mois de Chevat est découpé en deux périodes : celle qui va du 1er au 14 du mois, suivie de celle qui va du 15 à la fin du mois.
Symboliquement, la 1re partie a été spirituellement dévolue à Essav, le frère de Yaakov. Il est marqué par le « din », la rigueur, tandis que la 2e partie est marquée par la bonté. Le 15 Chevat est marqué par les bénédictions que nous récitons ce jour, considéré comme le début de l’écoulement de la sève dans les arbres.
Le seau — dli en hébreu — est un mot intéressant. Il est composé des lettres Daleth, Lamed et Youd. Lorsque l’on inverse l’ordre de ces lettres, on obtient le mot Yeled — enfant. Ce mot se rattache également à la notion d’enfantement. Ce signe contient donc cette force : faire advenir, favoriser l’émergence, permettre l’existence. De fait, les natifs du verseau sont souvent d’excellents ingénieurs et inventeurs.
Les maîtres du Hassidisme voient dans le signe du verseau-dli le signe qui caractérise le peuple juif. En effet, le seau est l’instrument qui peut contenir l’eau. L’élément liquide a un lien particulier avec la Torah, comparée à l’eau : elle coule du haut vers le bas. Il en va de même pour la Torah qui « est descendue du Ciel » pour être offerte aux humains. L’eau illustre également l’attitude de ceux qui étudient la Torah : ils doivent être capables de faire preuve d’humilité pour boire ce qui coule de la Torah.
L’organe qui est associé à ce mois est l’estomac. Durant le mois de Chevat, sous l’influence du dli-verseau, on commence à sanctifier plus intensément les fonctions nutritives et sexuelles. L’eau, dans la mystique juive, est associée à toutes les fonctions où le désir est puissant. D’après Rabbi Haïm Vital, l’élève du Ari za’’l, il sera nécessaire, pour se défaire des inclinaisons négatives, de faire preuve de retenue. Le seau, qui contient l’eau, est un parfait exemple de cette attitude : il contient l’eau, permet de la verser à bon escient, avec mesure et précision. Utiliser la matière sans se faire déborder par elle, jouir des bienfaits de l’eau, de la vie qui nous est offerte tout en sachant mettre un frein à ses passions.
Par ailleurs, ce mois est riche en bénédictions. La tribu de Acher lui est associée. Cette dernière a d’ailleurs reçu une bénédiction en rapport avec l’essence de ce mois : « Méacher Chéména lahmo — pour Acher, sa production sera abondante. C’est lui qui pourvoira aux jouissances des rois [1]Berechit 49,20 ». Le mot Chéména fait référence à l’huile — Chémèn —, symbole de sagesse, qui est aussi une anagramme de Michna, la première partie de la Torah orale, elle-même divisée en deux parties principales : la Michna et la Guémara. On retrouve ici une thématique propre à ce mois.
La sagesse ne peut s’exprimer que chez celles et ceux qui contrôlent leurs pulsions. Moïse a commencé à enseigner une dernière fois la Torah avant de se séparer des Bnei Israël, dès le premier jour de ce mois et ce, durant 37 jours, jusqu’à son décès, le 7 Adar. Il a donc fait couler avec largesse son enseignement, comme l’eau qui s’écoule du haut vers le bas.
L’air est aussi un élément associé à ce mazal du dli. Les autres mois où l’on retrouve l’influence de cet élément sont Sivan et Tichri. Sivan est le mois du don de la Torah. Tichri est celui des retrouvailles avec Le Créateur, après la faute du veau d’or. Moïse est redescendu le 10 Tichri avec l’ordre de faire Kippour et la bonne nouvelle du pardon. Il a aussi et surtout amené avec lui les deuxièmes tables de la loi ; les enfants d’Israël recevaient ainsi, d’en-haut, par l’intermédiaire de Moshé, le texte fondateur de leur spiritualité.
Le mois de Chevat est aussi celui où des plaies se sont abattues sur l’Égypte. On lit d’ailleurs, à cette période de l’année, les sections hebdomadaires en rapport avec la sortie d’Égypte et les miracles qui l’ont accompagnée.
D’après l’astrologie moderne, Uranus — sagesse — et Saturne — l’intelligence — sont les deux planètes qui influencent ce mois. Elles expriment un balancement entre la rigueur et la bonté. Dans l’astrologie juive, le Nom divin associé au verseau et au mois de Chevat, indique ce même balancement.
C’est donc l’homme, par ses choix, qui va se permettre de tirer le meilleur parti des forces propres à cet espace-temps. C’est lui qui arbitre : s’il est capable de contenir, à l’image du seau, il tirera profit. Le mot Ilan — arbre —, qui fait référence à l’arbre de la connaissance, a une valeur numérique de 91 — la même que le mot Amen.
À qui les verseaux diront-ils Amen ? À leurs pulsions ou à leur sagesse ?
Références
↑1 | Berechit 49,20 |
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