Le parcours d’Avraham
Notre patriarche Avraham a été le premier homme à exécuter ce commandement positif de la Torah, suite à un ordre divin (Béréchit 17, 9-14),à l’âge de 99 ans. Avraham est un briseur d’idoles, au sens littéral du terme, et son père qui était marchand d’idoles, l’a découvert à ses dépens…
La mise en scène de cet épisode rapportée par nos Sages nous permet d’apporter un éclairage sur la personnalité exceptionnelle d’Avraham, briseur d’idées reçues. Cette personnalité lui a permis de découvrir le Créateur de l’univers dans un monde qui baignait dans l’idolâtrie. Le commandement de la Brit Mila, arrivé en fin de parcours, est à considérer comme un aboutissement.
Mais justement, que signifie cette expression « Brit Mila » ? Il s’agit de deux mots juxtaposés qui signifient littéralement l’alliance de la circoncision. Il s’agit donc ici d’une alliance ; comme toute alliance, elle engage fortement les deux parties. D.ieu promet à Avraham une grande descendance ainsi qu’une forte proximité spirituelle, aussi bien envers lui qu’envers ses descendants. Il lui promet également la terre d’Israël, à lui ainsi qu’à ses descendants. En échange, D.ieu lui demande de circoncire tout mâle à l’âge de huit jours.
Pourquoi la circoncision ?
La circoncision est un acte chirurgical qui consiste à ôter le prépuce. Prépuce se dit en hébreu orla, ce qu’on peut traduire par excroissance. Le Midrach Tan’houma nous révèle qu’il existe cinq types d’excroissances. Sur ces cinq types d’excroissance, quatre concernent l’homme et une concerne l’arbre fruitier. Excroissance n’étant pas forcément à prendre ici au sens littéral, mais au sens plus large d’obturation, au sens propre comme au sens figuré.
Il existe une orla de l’oreille, comme il est dit dans Yirméyahou (6,10) : « À qui parlerai-je… pour qu’ils écoutent ? Voici que leur oreille est obtuse » ; la orla du cœur, ainsi qu’il est mentionné dans Dévarim (10,16) : « Vous circoncirez l’excroissance de votre cœur » ; la orla du langage, comme il est dit dans Chémot (6,12) : « Moché parla devant D.ieu en ces termes : de fait, les fils d’Israël ne m’ont pas écouté. Comment Pharaon m’écouterait-il alors que je m’exprime avec difficulté ? ». La quatrième excroissance est bien évidemment le prépuce, comme cela apparaît dans le verset (Béréchit 17,11) : « Vous retrancherez l’excroissance de votre chair ».
De ces différentes sortes d’orla, il apparaît que l’excroissance constitue une fermeture, une difficulté à percevoir le message divin. Cela constitue pour nous une précieuse indication sur le sens de cette injonction divine. Cela voudrait dire que l’acte de la circoncision, au-delà de son aspect médical, nous permettrait d’enlever un voile et de nous rapprocher du divin.
Du point de vue de la loi
Au niveau législatif, la circoncision est le commandement positif le plus important de la Torah, ainsi qu’il apparaît dans le Choul’han Aroukh, l’œuvre de référence de la loi juive, compilée par Rabbi Yossef Karo. C’est un commandement positif pour le père de circoncire son fils. Il s’agit du seul commandement positif, avec la non-consommation volontaire du sacrifice pascal, qui non-accompli engendre la peine de retranchement du peuple, comme l’explique le verset (Béréchit 17,14) : « Un mâle incirconcis qui ne circoncira pas la chair de son excroissance, cette personne sera retranchée de son peuple ; elle a annulé mon alliance ».
La circoncision, une nouveauté ?
L’injonction divine que reçoit Avraham concernant la circoncision apparaît, à son époque, comme une nouveauté absolue. Cependant, nos Sages nous révèlent que tel n’est pas le cas. Le premier homme a été créé sans prépuce, d’une perfection physique indéniable. Se pose alors la question de savoir pourquoi tous les descendants du premier homme, à savoir l’humanité entière, naissent, à de rares exceptions près, pourvus d’un prépuce. La raison en est liée à la faute originelle. Après avoir consommé du fruit défendu, le premier homme se trouva affublé d’un prépuce, marque de l’ emprise du penchant au mal sur sa personne. Cette nouvelle configuration physique se transmettrait désormais à tous ses descendants. Nous comprenons mieux ainsi l’injonction divine de la circoncision telle qu’elle a été transmise à Avraham. Il s’agit d’un retour à la perfection première. Avraham s’est distingué par sa quête insatiable de vérité qui l’a amené au sommet de la perfection spirituelle, celle accessible à l’humain.
Conclusion
L’alliance de la circoncision entre D.ieu et Avraham est pour nous un rappel. L’homme nait imparfait et son imperfection physique n’est qu’un reflet de son imperfection morale. L’exemple d’Avraham est un rappel permanent de l’exigence éthique qui doit être la nôtre. L’attachement si grand du peuple juif à ce commandement est une note d’espoir pour l’humanité.