Zéved ha bat
En hébreu, on appelle la cérémonie de nomination de la petite fille à sa naissance zéved ha bat . Intéressons-nous à cette expression : elle signifie littéralement « don de la fille ». Elle vient du verbe zévadani, qui veut dire « il m’a donné » et qui apparaît dans le Pentateuque (Béréchit 30,20) où Léa dit : « D.ieu m’a accordé une belle part ». La matriarche Léa exprime ainsi sa gratitude au Créateur pour son sixième enfant. On comprend ainsi que le mot zéved peut se traduire par « cadeau ». . De ce fait, la traduction de l’expression hébraïque zéved ha bat est « don de la fille ». Ce qui ressort de cette expression consacrée est que la naissance d’une fille est un cadeau.
Un regard juste
Il existe d’ailleurs à ce propos une expression talmudique, traité Baba Batra 141a : « La naissance d’une fille en premier est annonciatrice de la naissance ultérieure de garçons ». On comprend que la Providence est très favorable lorsqu’elle choisit qu’une fille naisse en premier. Même si certains proches peuvent être déçus de ne pas avoir de garçon, avec tout ce que cela représente, leur réaction est incorrecte. Il s’agit en réalité d’une bénédiction du Créateur qui, en offrant une fille en premier, prépare, d’une manière parfaite, la venue des autres enfants, garçons et filles. En effet, cette fille, qui est l’aînée de la famille, révèle des traits de caractère propres à celui d’un aîné, à savoir, essentiellement, un sens développé des responsabilités. N’oublions pas les propos du Ramban (Na’hmanide), à la fin de la Paracha de Bo, qui nous rappelle qu’il n’existe pas de nature ou de hasard. La naissance d’une fille en premier n’est nullement le fait du hasard, mais bien l’expression de la volonté divine qui agit à notre égard avec la plus grande mansuétude. Ainsi que le dit le Ari Hakadoch dans son ouvrage Ets ‘Hayim, portique des principes, premier chapitre, où il explique que D.ieu a souhaité créer le monde pour pouvoir épancher Sa bonté sur Ses créatures.
La cérémonie
Venons-en à la cérémonie à proprement parler. Il existe deux aspects qui ne sont pas forcément liés. D’une part, le père nomme sa fille à la synagogue, lors d’une montée à la Torah, qui peut se produire lundi, jeudi ou Chabbath, en fonction de la plus grande proximité avec la naissance. D’autre part, certains ont la coutume d’offrir une collation à la synagogue en signe de reconnaissance à D.ieu pour le merveilleux cadeau dont il les a gratifiés.
Lors de la nomination, il est de coutume de dire un texte qui est le suivant : « Ma colombe, dans les anfractuosités du rocher, dans les recoins de l’escalier, montre-moi ton apparence, fais-moi entendre ta voix, car ta voix est agréable et ton apparence est belle » (Chir Hachirim, 2-14). « Celui qui a béni nos mères Sarah, Rivka, Rachel, Léa, Myriam la prophétesse, Avigaïl, la reine Esther, fille d’Avi’haïl, bénira cette charmante enfant. Son nom sera (une telle) et à la suite de cette nomination, le Créateur lui octroie une bonne configuration astrale ainsi qu’une bénédiction immédiate. Le Créateur la fera grandir dans la santé, la paix et le repos. Que le Créateur donne le mérite à son père et à sa mère de la voir sous le dais nuptial dans la joie. Le Créateur donnera à ses parents des enfants mâles, la richesse et les honneurs. Ses parents seront comblés et en pleine santé. Ses parents connaîtront une vieillesse productive. Qu’ainsi soit la volonté du Tout-Puissant et nous dirons Amen ».
Certains ont coutume d’offrir une grande collation, en général, le Chabbath matin. L’idée qui précède à cette collation est double ; d’une part, il s’agit d’une collation de reconnaissance, Séoudat Hodaya et d’autre part, comme on le voit dans la Paracha de Nitsavim, tout le peuple juif était réuni au pied du mont Sinaï, hommes, femmes et enfants. De la même façon que les hommes ont été introduits dans l’alliance avec le Créateur, les femmes aussi ont été incluses. Par conséquent, la collation offerte lors de la nomination de la fille, est également une manière de célébrer cette alliance.
La mère remercie le Créateur après l’accouchement en prononçant la bénédiction de Hagomel : « Source de bénédiction, Toi, Créateur, notre D.ieu, Roi du monde, qui gratifie les fauteurs en leur octroyant gracieusement des bienfaits et qui m’a accordé tous ses bienfaits ». La mère peut dire cette bénédiction à la synagogue ou bien si la collation est offerte à la maison, elle peut la dire à son domicile, faisant en sorte que le public présent entende et réponde Amen.
Conclusion
Cette cérémonie de nomination de la fille exprime avant tout la gratitude envers le Créateur qui a donné aux parents la joie d’élever et d’éduquer cette enfant. Au-delà, bien sûr, de l’octroi d’un nom qui rappelle celui de femmes illustres qui ont marqué l’histoire du peuple d’Israël, depuis les Matriarches jusqu’à la reine Esther. Elle fera ainsi partie de ce noble héritage juif.