Une maison juive se distingue des autres habitations ; elle porte un blason : la Mézouza.
La Mézouza est un parchemin écrit sur la peau d’un animal casher, placée sur le linteau de la porte d’entrée[1]Deutéronome 6 :9 et 11:20 , côté droit. La loi stipule qu’elle doit être posée au niveau du premier tiers de la hauteur du linteau[2]Choul’han Aroukh, Yoré Déa, chapitre 287. .
Écrire une Mézouza répond à des lois très strictes et s’effectue par des professionnels. La Mézouza n’est pas une coutume ni même une prescription rabbinique, il s’agit d’un ordre biblique qui apparaît pour la première fois dans Deutéronome, chapitre 6, verset 9 : « Et tu les inscriras sur le linteau de tes portes et de tes portails » (Deutéronome 6:9 et 11:20).
La Mézouza est un parchemin sur lequel le scribe a écrit le premier paragraphe du Chéma, la profession de foi juive traitant de l’unicité de D.ieu, de son amour inconditionnel ou encore du devoir de transmission aux générations futures.
Généralement, ce texte est contenu dans une petite boîte qu’on a pour coutume d’embrasser ou de toucher en entrant et en sortant de chez soi.
Pour quelle raison D.ieu voudrait que nous placions un manuscrit si précieux dans un endroit si commun ?
Un placement décisif
Le Talmud[3]Traité Ménahot, p. 33 explique l’intérêt de ce commandement : en entrant ou en sortant de tout édifice, on rencontre en premier lieu la Mézouza. Pourquoi cette concomitance ? Maïmonide nous en donne la raison : l’homme est entouré et peut-être même noyé dans ses affaires et dans les valeurs matérielles. Cette immersion abîme sa conscience de l’unicité de D.ieu. En revenant chez lui, en sortant de son lieu de travail, en entrant dans un lieu public, il est « accueilli » par la Mézouza. Ainsi, il peut éveiller en lui la conscience de l’omniprésence de D.ieu : « Il se départira ainsi des vanités de ce monde et s’attachera à l’amour de D.ieu[4]Maïmonide, lois sur les phylactères et mézouzot, chapitre 6, alinéa 13» conclut le sage.
L’idée est de nous éduquer à faire le tri entre le futile et l’essentiel. Nous apprenons ainsi à laisser l’accessoire derrière soi et à s’attacher à l’essentiel, à chacun de nos pas.
Toutefois, cela n’explique pas tout. En effet la loi ordonne de placer une Mézouza à l’entrée de chaque pièce de la maison, de chaque bureau, de chaque chambre d’hôpital, etc. On trouve des Mézouzot à chaque porte, excepté les portes des toilettes, de la salle de bain ou d’autres pièces qui ne répondent pas aux critères de surface ou d’utilisation exigeant la pause d’une Mézouza.
Outre le rappel de l’omniprésence de D.ieu, la Mézouza joue aussi un rôle fondamental dans la conscience humaine : nous rappeler que D.ieu nous voit et nous observe à tout moment et en tout endroit. Aucune parcelle du monde, pas même la plus infime, n’est vide de Sa présence.
« Et il sera garanti de ne pas fauter[5]Ibid.», ajoute Maïmonide. Comme si la Mézouza était aussi un garde-fou, même et surtout lorsqu’on s’isole. Le parchemin de la Mézouza aiguise donc notre conscience de l’omniprésence de D.ieu et nous permet de purifier nos mœurs.
Cependant, il existe un autre aspect à ce commandement biblique répondant à un sens plus mystique.
La Mézouza ou le sceau de l’ange
Le Zohar — le livre de la Kabbale rédigé par Rabbi Shimon Bar Yohaï — explique que la Mézouza a pour fonction de protéger la maison de certaines forces obscures[6]Traité Ménahot, Ibid
. La mystique juive révèle en effet que des esprits errent dans notre univers. Il s’agit d’âmes déchues ou de créatures sans corps appelées Mazikim. Ces derniers s’enfuient à la vue du sceau du Roi et ne sont plus d’aucun danger pour le foyer juif. Nous retrouvons cette même fonction dans d’autres dispositions lors de la sortie d’Égypte où les Hébreux ont reçu l’ordre d’enduire de sang les linteaux de leur maison afin d’être préservés de l’ange de la mort.
Le Talmud nous éclaire également sur la protection des édifices et des demeures grâce à la Mézouza. Il déclare : « Regarde comment l’attribut de D.ieu est différent de celui des rois de chair et de sang. Chez les rois, les sujets montent la garde à l’extérieur tandis que lui se trouve gardé à l’intérieur, mais chez le Maître du monde, ses sujets sont à l’intérieur tandis que Lui les garde de l’extérieur.»
La Mézouza a donc un message fondamental à nous livrer : l’Éternel aime et protège son peuple à chaque instant.