Le Judaïsme et la Valeur de la Paix
Le judaïsme considère la paix — symbolisée par le mot « Shalom » — comme l’une de ses valeurs les plus sacrées. Il est non seulement le salut traditionnel parmi les Juifs, mais il est également utilisé comme un nom pour D.ieu. La paix est une aspiration centrale de la foi juive, et l’espoir pour un monde en paix est ancré dans sa tradition. Cependant, il est également reconnu que la paix universelle ne sera peut-être pas atteinte avant l’ère messianique. L’idée de la paix dans le judaïsme s’étend au-delà de l’absence de guerre. Cela englobe la paix intérieure, la paix entre les individus et la paix au sein de la communauté. La recherche de la paix est considérée comme une noble quête qui doit guider la conduite des individus et des nations.
Les Directives pour la Guerre
Les enseignements sur les lois de la guerre dans le judaïsme se trouvent principalement dans le Deutéronome, où Moïse parle aux Israélites au moment de quitter le désert. À ce stade, les Israélites se préparent à occuper la terre de Canaan, l’Israël biblique, par la force militaire. Le texte du Deutéronome offre des directives précises pour la conduite de la guerre.
La Règle de la Prévention
La première règle fondamentale des guerres juives est d’éviter la guerre autant que possible. Avant d’attaquer un ennemi, une armée juive doit offrir la paix comme il est écrit : « Quand tu t’approcheras d’une ville pour l’attaquer, tu lui offriras la paix[1]. » Si cette offre de paix est rejetée, la Torah exige que seuls les hommes soient tués, tandis que les femmes, les enfants et le bétail sont pris comme butin. Il est essentiel de noter que cela s’applique uniquement aux guerres avec des nations non Cananéennes. Cette distinction entre les guerres avec les Cananéens et les autres nations est clarifiée par les rabbins de la Mishna. Les premières sont qualifiées de « mil’hémèt mitzvah », ce qui signifie une guerre commandée. Cela inclut les guerres contre les Amalécites, la nation qui a attaqué les Israélites lors de leur sortie d’Égypte, ainsi que les guerres de légitime défense. Toutes les autres guerres sont classées sous l’appellation « mil’hémet réshout » ou guerres autorisées. Cela englobe, par exemple, les guerres d’expansion territoriale menées par le roi David.
Les Lois Pratiques de la Guerre
Dans la tradition juive, certaines lois pratiques de la guerre sont également énoncées. Par exemple, il est interdit de détruire des arbres fruitiers inutilement pendant un siège, et la destruction injustifiée de biens est interdite, comme il est écrit : « Quand tu assiégeras une ville pendant longtemps, en faisant la guerre contre elle pour la prendre, tu ne détruiras point ses arbres à coups de hache, car tu pourrais t’en nourrir. Tu ne les abattras pas, car l’homme est un arbre des champs[2]. » Cette notion de minimiser les dommages collatéraux et de préserver les ressources naturelles est importante dans le cadre des conflits armés.
Un autre aspect remarquable des lois de la guerre dans le judaïsme est l’interdiction de mettre une ville en état de siège de tous les côtés. Il est impératif de laisser au moins un côté ouvert pour permettre aux habitants de s’échapper[3]. Cette disposition reflète la préoccupation pour la vie humaine, même en temps de guerre.
L’Évolution des Lois de la Guerre
Pour la majeure partie de l’histoire juive après l’ère biblique, les lois de la guerre étaient principalement théoriques. Il n’y avait pas d’armée juive et pas de guerre juive. Cependant, ces principes éthiques ont continué à avoir une importance symbolique et morale dans la tradition juive.
Au fil du temps, les autorités rabbiniques ont tenté de tempérer le militantisme des récits bibliques et de rendre pratiquement impossible de déclarer une « mil’hémèt réshout ». De plus, elles ont déclaré que les Cananéens et les Amalécites n’existaient plus en tant que nations distinctes. Cette évolution réduisait la nécessité de tuer chaque ennemi.
La Paix et la Non-Violence
Bien que le judaïsme n’ait pas adopté le pacifisme et la non-violence comme des principes absolus, il existe des exemples de non-violence dans la Bible. De plus, le pacifisme a été employé à l’occasion en réponse à des situations particulières.
La Torah énumère également plusieurs catégories de personnes exemptées du service militaire. Cela comprend les hommes fiancés, ainsi que ceux qui sont qualifiés de « craintifs » et « au cœur doux »[4]. Cette exemption a été évoquée pour justifier l’objection de conscience dans certaines circonstances.
Des guerriers exemplaires
Les figures bibliques telles que Josué, le roi David ou Yoav sont souvent considérées comme ayant mené leurs guerres avec droiture.
Josué
Obéissance à D.ieu : Josué a été décrit comme un homme de foi inébranlable. Avant d’entrer dans la terre de Canaan, il a reçu des directives divines pour la conquête. Un exemple célèbre est la bataille de Jéricho, où les Israélites ont suivi les instructions divines en marchant autour des murs de la ville pendant sept jours, ce qui a conduit à la chute miraculeuse des murs.
Justice dans la conquête : alors que Josué a mené des campagnes militaires pour conquérir la terre de Canaan, il a également été instruit de faire des offres de paix aux habitants des cités, reflétant ainsi un désir de justice et d’opportunité de paix.
Le roi David
Humilité et repentance : David était célébré pour sa capacité à reconnaître ses erreurs et à se repentir. Après avoir commis des actes répréhensibles, tels que son adultère (sa relation, c’était en commentaire) avec Bath-Schéba, il a montré de la droiture en exprimant des remords sincères et en cherchant la réconciliation avec D.ieu.
Justice et miséricorde : en tant que roi, David était connu pour sa quête de justice et de miséricorde. Il a montré de la droiture en prenant des décisions équilibrées dans des affaires judiciaires et en montrant de la compassion envers les faibles et les opprimés.
L’armée de David était composée de guerriers tous pieux, courageux et fidèles. Il avait également un groupe de guerriers d’élite appelé les « Gibborim ».
Yoav
Défense du royaume : Yoav a été le commandant en chef de l’armée d’Israël sous le règne de David. Il était connu pour sa fidélité envers le roi et son engagement à protéger le royaume contre les menaces extérieures. Cela pourrait être interprété comme une manifestation de droiture envers sa nation.
Abner est également un guerrier biblique important. Il est particulièrement associé à des qualités de droiture et d’honneur dans le contexte de ses actions au combat. Abner était un général de l’armée du roi Saül, puis plus tard un conseiller militaire pour le roi David. Il était réputé pour sa volonté de respecter les règles de la guerre et de faire preuve d’honneur envers ses adversaires. Un exemple frappant de cette droiture a eu lieu lors de la bataille entre les partisans du roi Saül et les partisans de (du roi ? ça marque une différence) David. Au lieu de chercher à détruire complètement l’armée de David, Abner a préféré mettre fin au combat en proposant une trêve, démontrant ainsi son engagement à minimiser les pertes humaines. Abner avait un sens aigu de l’honneur et de la loyauté envers les rois qu’il servait. Même après la mort du roi Saül, Abner est resté dévoué à sa mémoire et à sa famille, tout en cherchant à établir une alliance entre le royaume d’Israël et la maison de Saül.
Ces exemples illustrent comment ces figures bibliques ont cherché à suivre la volonté de D.ieu à maintenir la justice, à montrer de l’humilité et à exprimer la droiture dans leur leadership militaire.
En conclusion, le judaïsme place la valeur de la paix au cœur de ses enseignements, mais reconnaît également que la guerre peut être inévitable. Les lois de la guerre dans le judaïsme visent à garantir que les conflits armés soient menés de manière éthique, conformément aux principes et aux valeurs juifs. Les notions de prévention, de minimisation des dommages collatéraux et de préservation de la vie humaine sont des aspects essentiels de ces lois. Bien que le judaïsme ne soit pas fondamentalement pacifiste, la recherche de la paix, la poursuite de la paix et l’espoir d’un monde universellement pacifique restent parmi ses principes les plus fondamentaux. Ces valeurs morales continuent d’influencer la manière dont la communauté juive aborde la question de la guerre et de la paix.
[1] Deut. 20 :10
[2] Deut. 20 :19-20
[3] Cf. Maimonide, Les lois des rois, chap. 6 Loi 7
[4] Cf. Maimonide, Lois des rois, Chap. 7 Lois 5-8