Le mot Hessed, le don, la générosité, est employé au total dans la bible , 75 fois. Ce n’est pas un hasard . C’est une leçon de vie…
Décelé dès 1991 — en pleine vague de l’« Alyah russe » — dans l’étude publiée par l’Institut Guttman[1]Croyances, pratiques religieuses et interaction sociale parmi les Juifs israéliens », ce lent retour aux valeurs juives d’une partie importante du public de l’État hébreu s’est encore approfondi dans les 25 années suivantes, comme en attestent les résultats d’autres enquêtes.
Alors que 43 % des quelque 2 600 personnes interrogées dans ces enquêtes s’auto-définissent comme des « laïcs ouverts » (non antireligieux), 32 % comme des « traditionalistes », 15 % comme des religieux « orthodoxes » et 7 % comme « ultra-orthodoxes » (harédim), ces définitions ne traduisent pas le rapport concret et souvent très différencié de ces divers « secteurs » de l’opinion aux valeurs et aux pratiques de base quotidiennes et concrètes de la vie juive.
Les chiffres de ce retour non-conventionnel au judaïsme
En se fondant sur les diverses « moyennes » établies par ces enquêtes, il s’avère que 94 % des Juifs israéliens font la circoncision de leurs fils, 91 % leur Bar-Mitsva (63 % font une Bat-Mitsva à leurs filles), 92 % observent la « semaine de deuil » pour un proche (shiva), 90 % disent pour lui la prière du « Kaddish », 86 % lui font un enterrement juif, et 80 % se marient devant un rabbin.
Le niveau de respect des grandes fêtes du calendrier hébraïque est encore plus étonnant : 90 % assistent au Séder de Pessah, (67 % ne mangent pas d’aliments avec du levain pendant 8 jours), 82 % allument les bougies de Hanouka, 68 % respectent sérieusement Yom Kippour, 36 % assistent à la lecture de la Méguila d’Esther à Pourim,.
Pour ce qui est du chabbat, 84 % passent leur samedi en famille, 69 % font ensemble un repas le vendredi soir, 66 % allument les bougies et 60 % disent le Kidouch du vendredi soir. Et ce, même si 65 % regardent leur télé, 52 % continuent de surfer sur Internet , pendant que 29 % mangent en dehors de chez eux et que seulement 11 % travaillent ce jour-là.
Par ailleurs, 76 % mangent casher chez eux, et 70 % mangent aussi casher à l’extérieur. 71 % considèrent l’étude des textes du judaïsme (Bible, Michna, Talmud, etc.) comme « importante », alors que 16 % seulement s’y adonnent.
Côté foi en D.ieu, les chiffres parlent d’eux-mêmes : 80 % déclarent que « D.ieu existe », 80 % qu’un bon comportement humain entraîne une « récompense divine », 77 % pensent qu’un « pouvoir supérieur » gouverne le monde, 72 % disent que prier permet de se sortir d’une mauvaise situation, 67 % considèrent le peuple juif comme « élu » par le Créateur, 65 % que la Torah et ses commandements sont d’ordre divin, pendant que 56 % croient dans « le monde futur » (olam aba) et 51 % en la venue du Messie »
De plus en plus de « yéchivot laïques »
Fait illustrant l’ampleur de tous ces changements : plus d’une centaine de lieux d’études et de prières « indépendants » (à savoir non affiliés à un courant religieux spécifique) existent aujourd’hui aux quatre coins du pays, y compris dans des grandes villes comme Tel Aviv : un développement champignon illustre ce phénomène de ressourcement authentique et de recherche des racines juives en plein essor dans de nombreux secteurs de la société israélienne.
Alors qu’on n’en comptait en l’an 2 000 qu’une petite trentaine dans tout le pays, les « yechivot laïques » et autres lieux d’études indépendants ont pullulé depuis, regroupant à présent plusieurs dizaines de milliers d’Israéliens, souvent en dessous de la quarantaine, qui disent « chercher leur voie » au plan spirituel, mais sans rejoindre l’une des nombreuses chapelles de l’orthodoxie traditionnelle ou un « courant de pensée » religieux déjà bien marqué.
Ainsi à Tel Aviv — dans les quartiers huppés du nord de la cité comme au sud dans les zones plus populaires et dans la banlieue adjacente de Holon (avec sa forte proportion d’immigrants russes), plusieurs Batei-Midrach de ce genre ont ouvert leurs portes au fils des ans, chacun avec son public local et spécifique.
Des structures alternatives, diversifiées et très bigarrées…
Fonctionnant une à deux heures par jour ou bien seulement deux à trois fois par semaine, ces lieux d’études sont animés soit par des rabbins indépendants (orthodoxes et/ou sionistes religieux) qui veulent raviver ainsi l’identité juive de jeunes souvent sans racines en répandant une connaissance plus approfondie du judaïsme par l’étude suivie des textes bibliques et talmudiques ; soit carrément par des membres plus militants des divers mouvements du judaïsme laïc[2]Le Groupe Tivon (surtout estudiantin), l’organisation Elul de Jérusalem (où participent aussi des religieux plus orthodoxes), ou bien encore le Centre Bina pour des Études juives et le … Continue reading, qui sont ensemble les véritables inventeurs et initiateurs de la yeshiva laïque.
À ce propos, une enquête publiée par l’Institut Shitim et effectuée sur une soixantaine de kibboutz laïcs du pays a établi qu’une partie de leurs membres avaient tendance, ces dernières années, à se rapprocher des coutumes juives et de certaines traditions.
Marqué par l’ouverture de plus en plus fréquente de synagogues dans ces kibboutzim longtemps considérés comme ultra-laïcs, ce phénomène est surtout repérable le jour de Kippour qui est souvent chômé et où — avec ou sans synagogue — certains se livrent à un examen de conscience et d’introspection ainsi qu’à des discussions de fond entre « camarades ».
Et ce, alors qu’une proportion significative de gens — entre 20 et 60 % selon les kibboutzim — choisissent de jeûner tout au long de ce jour comme l’exige la Loi traditionnelle juive.
Lieux de prières laïcs et mariages non rabbiniques
Démarrée à la fin des années 1990, cette floraison de lieux d’études alternatifs — où se côtoient des gens se disant laïcs et d’autres bien plus religieux — a débordé du seul domaine de l’étude juive pour s’étendre ces dernières années à d’autres aspects essentiels du vécu juif quotidien.
Ainsi se multiplient dans le pays des lieux de prière, eux aussi indépendants, dont les membres refusent d’être affiliés même aux groupes religieux présumés « plus ouverts » comme les Conservatives ou les Réformés — eux aussi très actifs pour attirer certaines « brebis égarées ».
Puis il y a aussi toutes sortes de petites associations (comme l’Institut des Rites juifs laïcs ou bien Tkasim), voire des organismes locaux devenus au fil des ans des spécialistes des mariages « laïco-religieux » : les couples qui disent refuser les formes du mariage orthodoxe traditionnel s’y marient pourtant sous un dais nuptial, font des bénédictions sur le vin, cassent un verre en souvenir de la destruction du Temple de Jérusalem, et parfois même échangent une ketouba (contrat de mariage selon la Halakha — la loi juive traditionnelle) entre amis seulement, mais sans délégué du rabbinat.
Autant de phénomènes qui confirment que l’image spirituelle en profondeur d’Israël est en pleine évolution et, en tous cas, bien moins caricaturale que celle qu’évoquent souvent certains médias internationaux présentant le pays des Hébreux au bord d’une kulturkampf : une prétendue « guerre culturelle » qui se préparerait entre Juifs laïcs et Juifs religieux…
Les fêtes de Tichri en Israël : le rendez-vous annuel du peuple hébreu revenu sur sa terre !
Moments privilégiés du calendrier hébraïque — devenu dès 1948 le calendrier officiel de l’État d’Israël —, Roch Hashana et Kippour constituent pour le pays un moment privilégié de retrouvailles à la fois personnelles, familiales et nationales transcendant l’impersonnalité du temps et les divisions de la société hébraïque…
Démarrée à la fin des années 1990, cette floraison de lieux d’études alternatifs — où se côtoient des gens se disant laïcs et d’autres bien plus religieux — a débordé du seul domaine de l’étude juive pour s’étendre ces dernières années à d’autres aspects essentiels du vécu juif quotidien.
Ainsi se multiplient dans le pays des lieux de prière, eux aussi indépendants, dont les membres refusent d’être affiliés même aux groupes religieux présumés « plus ouverts » comme les Conservatives ou les Réformés — eux aussi très actifs pour attirer certaines « brebis égarées ».
Puis il y a aussi toutes sortes de petites associations (comme l’Institut des Rites juifs laïcs ou bien Tkasim), voire des organismes locaux devenus au fil des ans des spécialistes des mariages « laïco-religieux » : les couples qui disent refuser les formes du mariage orthodoxe traditionnel s’y marient pourtant sous un dais nuptial, font des bénédictions sur le vin, cassent un verre en souvenir de la destruction du Temple de Jérusalem, et parfois même échangent une ketouba (contrat de mariage selon la Halakha — la loi juive traditionnelle) entre amis seulement, mais sans délégué du rabbinat.
Autant de phénomènes qui confirment que l’image spirituelle en profondeur d’Israël est en pleine évolution et, en tous cas, bien moins caricaturale que celle qu’évoquent souvent certains médias internationaux présentant le pays des Hébreux au bord d’une kulturkampf : une prétendue « guerre culturelle » qui se préparerait entre Juifs laïcs et Juifs religieux…
Références
↑1 | Croyances, pratiques religieuses et interaction sociale parmi les Juifs israéliens » |
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↑2 | Le Groupe Tivon (surtout estudiantin), l’organisation Elul de Jérusalem (où participent aussi des religieux plus orthodoxes), ou bien encore le Centre Bina pour des Études juives et le Séminaire Oranim (issu du mouvement kibboutznik |