Il y a une mitsva de nous rappeler quotidiennement la sortie d’Égypte, mais le soir du Seder nous transmettons toute l’histoire comme il est écrit : « Tu feras le récit à ton fils en disant : C’est en vue de ceci que l’Éternel a agi pour moi quand je suis sorti d’Égypte. » C’est là le point de mire du Seder. Le Rambam (Maïmonide) écrit dans son recueil de lois talmudiques (Hilkhot ‘Hamets OuMatsa Chap. 7 Loi 1) : « C’est un commandement positif de la Torah de raconter les miracles et les prodiges accomplis pour nos ancêtres en Égypte la nuit du 15 Nissan, comme il est écrit : souviens-toi de ce jour-ci où tu as quitté l’Égypte (Chemot 13 ;3), de même qu’il est écrit : souviens-toi du jour du Chabbat » (Ibid 20 ;8)
Les membres du peuple d’Israël se racontent les évènements de l’Exode les uns aux autres dans une chaîne ininterrompue depuis l’époque où ces évènements ont eu lieu. Raconter l’histoire de l’Exode nous lie à une chaîne ininterrompue depuis l’époque jusqu’à ce jour. Chaque année, de nouveau, un père doit raconter à ses enfants, afin qu’ils soient pleinement conscients de leurs origines. Ils deviennent ainsi de nouveaux maillons dans la chaîne ininterrompue de notre tradition.
L’objectif du récit de la sortie d’Égypte est de transmettre la foi en D.ieu. Il ne s’agit pas d’une simple préservation de la mémoire historique, mais d’une déclaration de foi en D.ieu dont la révélation nous donna notre existence en tant que nation. Les évènements de l’Exode affirment notre croyance en la Création du monde par D.ieu et Sa maîtrise de celui-ci.
Le Sefer Ha’Hinouch écrit à la mitsva 21 : « Ne soyez pas surpris par le nombre de mitsvot se rapportant à la sortie d’Égypte, à la fois des commandements positifs et négatifs, car c’est la fondation et le pilier sur lesquels notre Torah et notre foi tiennent. C’est pourquoi nous disons toujours lorsque nous prononçons des bénédictions ou que nous prions : « En souvenir de la sortie d’Égypte », car cela constitue la preuve absolue de la Création du monde par un Maître omnipotent à ce monde qui a tout créé, qui peut modifier la Création lorsqu’Il le souhaite – comme Il l’a fait pour nous en Égypte lorsqu’Il accomplit de grands miracles sans précédent. Cela constitue la réplique à toute personne qui nie la création du monde et elle affirme notre foi en la connaissance de D.ieu et Sa providence à la fois générale et individuelle.
Raconter à nouveau l’histoire de la sortie d’Égypte communique la foi à nos enfants. L’élément principal de la mitsva de raconter la sortie d’Égypte est de faire savoir la grande puissance de D.ieu et le salut miraculeux qu’Il nous a accordé lorsqu’Il nous a fait sortir d’Égypte. L’intention principale de ce récit est d’implanter dans le cœur des membres de notre famille la foi en D.ieu et en la grandeur de Sa puissance et de Ses prodiges, ainsi que d’expliquer les miracles et les prodiges qu’Il a accomplis, afin de renforcer leur foi.
De même que l’Exode lui-même fut une expérience, ainsi notre commémoration de la sortie d’Égypte doit être une expérience. Le peuple juif est né le soir de Pessah, une naissance qui arriva avec leur rédemption miraculeuse d’Égypte. Chaque année, lorsque le calendrier juif arrive au même soir, nous revivons littéralement les prodiges de la délivrance.
Nos enfants sont donc éduqués non seulement par des paroles et des leçons intellectuelles, mais par une profonde expérience personnelle à travers laquelle le maître du Seder mène sa famille. C’est pourquoi les personnes les plus intelligentes et savantes ne sont pas moins tenues de raconter l’histoire de la sortie d’Égypte que les non-initiés.
Le Seder n’est pas un simple exercice intellectuel ; c’est le moyen par lequel les principes fondamentaux de la foi de notre peuple nous sont inculqués. Par conséquent, afin que le but du Seder soit atteint, toutes les personnes présentes, surtout les enfants, doivent expérimenter la liberté de l’Exode. Nous devons nous considérer comme si nous étions sortis d’Égypte.
À chaque génération, on doit se considérer comme étant soi-même sorti d’Égypte, car il est dit : « Tu parleras à ton fils en ce jour en ces termes : « C’est grâce à ceci que D.ieu a agi en ma faveur quand je suis sortit d’Égypte. » Le Saint béni soit Il n’a pas seulement sauvé nos pères, mais nous aussi, Il nous a sauvés avec eux comme il est dit : « Et Il nous en a tirés pour pouvoir nous conduire dans le pays qu’il avait promis à nos pères de nous donner. » Chaque année, lorsque arrive la nuit où nous sommes sortis d’Égypte, il nous incombe de nous élever au niveau de ceux qui sont sortis d’Égypte, et de revivre la liberté, comme nous l’apprenons dans la Haggadah : « Une personne doit se considérer comme si elle était, elle-même, sortie d’Égypte. » … et de renforcer en nous le sentiment de liberté en racontant les miracles et en accomplissant les mitsvot de la soirée, et de raconter les grands miracles de D.ieu afin de graver les principes fondamentaux de la foi en nos cœurs.
Le soir du Seder, il convient à tout un chacun de se préoccuper de sa propre sortie d’Égypte… il doit faire l’expérience de l’esclavage dans ses propres corps et âme, et il doit sentir qu’il est, lui-même, en train de sortir d’Égypte… Ainsi, nous acquerrons exactement le même bénéfice et atteindrons le même objectif que la génération de l’Exode. Le Séder est donc bien plus qu’un simple moment où l’on raconte des histoires. Le soir du Seder, le père doit transmettre à ses enfants la foi en la rédemption personnelle et collective. C’est là l’objectif de cette soirée unique.