Nous avons découvert dans la première partie de notre réflexion, et au travers des textes, que la Mitsva du respect des parents est au cœur des fondements même de la foi juive.
Tentons maintenant de comprendre pourquoi le moment le plus approprié à sa réalisation se passe justement à l’automne de leur vie.
La Mitsva du respect des parents est double : d’une part elle lie le juif à son patrimoine biblique, comme nous l’avons vu, de l’autre elle lui permet de témoigner une pleine reconnaissance à son parent.
Mais existe-t-il un moment plus opportun qu’un autre pour témoigner de cet aspect ?
Le respect des parents lorsqu’il s’avère indispensable
Il est évident que cette Mitsva s’impose de tout temps et en toute circonstance, mais nous en conviendrons, le moment où le parent a le plus besoin de son enfant, et c’est là où il est le plus salutaire, c’est indéniablement lorsque ses capacités physiques diminuent.
Le psalmiste entonnait un cantique qui imageait le moment de l’extrême fragilité d’un être au déclin de sa vie « Ne m’abandonne pas D.ieu au moment de ma vieillesse, lorsque ma force se perd » (Psaumes 71 :9)
Lorsque l’enfant devient le soutien de son parent, fort de tout l’avoir dont il a bénéficié, s’en trouve grandi.
À n’en pas douter, la vieillesse est une étape difficile de la vie d’un homme, seul face à l’adversité de la vie, lui qui était autrefois fort et vigoureux n’est plus que l’ombre de lui -même.
Le Talmud de Jérusalem décrit les jours de la vieillesse comme « les jours de souffrances qu’il ne vaudrait mieux pas souhaiter » (Bikourim 6 :2).
Le Talmud de Babylone les compare à une « couronne de ronces » (Chabbat, p. 152). Nous pouvons penser qu’il y a quelque chose d’essentiel dans ce dernier respect qu’un enfant témoigne à son parent devenu âgé.
Un aspect qui relève de l’orchestration divine.
Le respect du parent : modèle exacte de la mesure pour mesure
Amorçons la réflexion par une question : pourquoi un homme quitte -t-il ce monde, tête baissée, privé de ses forces d’autrefois ?
Le Rambam (Maïmonide) explique dans son Guide des Égarés (3 :54) que la vieillesse est précisément la période durant laquelle l’homme élève son esprit au-dessus de son corps devenu chétif.
Lui autrefois robuste et actif socialement, perd peu à peu de sa superbe et se concentre tout en douceur vers son être intérieur, se préparant à cette nouvelle vie spirituelle qui sera sa dernière destination.
Le Zohar écrit (3 : 128) « Cet entendement, se fait serein tel le vin reposant sur sa lie, c’est ce qu’on a l’habitude de dire de ce vieillard dont l’esprit est clos et l’intelligence sereine ».
L’homme effectue ainsi un ultime retour sur soi, en même temps qu’il se détache du monde pour se préparer à vivre une autre vie, éternelle cette fois-ci.
C’est là que son enfant, dernier soutien physique de son parent, endosse à son tour le rôle joué par ce dernier pour lui autrefois, permettant ainsi à son paternel de se préparer à sa nouvelle vie.
D.ieu, dont l’attribut le plus connu est celui de la ‘’ mesure pour mesure ‘’, ‘’mida ke neged mida’’ permet ainsi à l’enfant de retourner l’exacte mesure dont il a bénéficié à l’aube de sa vie.
Accompagner son parent vers sa nouvelle vie.
On ne peut que s’émerveiller de la concordance des choses, lorsque la récompense offerte par Dieu, pour le respect des parents, est justement la longévité.
(Deutéronome 5 :16) Pour nous souligner que l’homme qui respecte ses parents, son propre enfant prendra sa place et fera de même avec lui. Comme un cycle qui se perpétue de génération en génération.
L’aspect pédagogique est indéniable, mais il y a également là, une immense leçon d’ordre spirituelle, qu’un père donne à son fils, lorsqu’il l’attache, par son dévouement, à la sagesse des anciens.
Un dessein qui s’étendra souvent bien au-delà des frontières familiales. De fait, l’enjeu est de taille, car il signe l’aspect approprié avec lequel nous serons traités à notre tour…
La Talmud (Kidouchin, p. 31) déclare que D.ieu se joint à la relation parent-enfant lorsqu’elle est bien menée. Ainsi cette relation saine et respectueuse peut s’avérer être le foyer d’un sacre divin.
Le respect des parents – un cycle spirituel
En conclusion nous l’aurons compris, le respect des parents est peut-être une des rares Mitsvot auquel D.ieu porte un intérêt particulier touchant, par son essence, à son existence même.
Elle assure également le bien-être psycho-émotionnel de l’unité parent-enfant, et enfin, elle permet qu’une dynamique spirituelle s’installe au sein d’une famille, dont les enfants, une fois devenus à leur tour parents, y récoltent les fruits de leur labeur.
Une réponse
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