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Le sens de l’hospitalité juive : portraits de deux héritiers d’Avraham

Dans l'écrasante chaleur du désert, Avraham se tient à l'entrée de sa tente, scrutant avidement l'horizon à la recherche d'âmes en quête de refuge et d'un repas. Les 3 visiteurs qui soudain arrivent à lui, ne sont autres que les 3 anges qui,lors de la création du monde, avaient prétexté devant le Créateur que l’homme fauterait et qu’il chercherait son profit personnel. Aujourd'hui, nous, héritiers d'Avraham, portons en nous la flamme de son hospitalité . Yedia vous invite à découvrir quelques-unes des âmes généreuses qui, par leurs actes altruistes, perpétuent la justification de la création de l'homme
Hospitalité juive : un héritage millénaire de générosité et d'accueil

La tradition hospitalière de rabbi Ovadia Haba à Méron

Le regretté Rabbi Ovadia Haba ZAL, largement connu comme une légende vivante à Méron, avec sa grande kippa aux broderies colorées et sa longue barbe blanche, rayonnait toujours de bienveillance lorsqu’il accueillait les foules.

En effet, pour les innombrables fidèles venus se recueillir tout au long de l’année sur le tombeau de Rabbi Chimon bar Yohaï à Méron, il incarnait véritablement la générosité et l’hospitalité. Et pour cause, durant plus de 23 ans et jusqu’à son décès en janvier 2023, Rabbi Ovadia Haba est resté fidèle à son engagement : distribuer de la nourriture et des rafraîchissements en quantité généreuse à tous ceux qui convergeaient vers ce site sacré.

Cette tradition remonte aux alentours de l’an 2000, lorsque Rabbi Haba fut confronté à une maladie dévastatrice. Malgré un pronostic sombre des médecins qui lui avaient alors annoncé qu’il vivait ses derniers jours, Ovadia Haba ne s’est pas avoué vaincu. Il a aussitôt demandé à son fils de l’emmener sur le tombeau de Rabbi Chimon. Après avoir pleuré et prié intensément devant le sanctuaire, Ovadia s’est relevé et a fait le vœu de dédier sa vie à sustenter les pèlerins de Méron, si D.ieu lui offrait une seconde chance.

Après avoir prononcé son vœu, rabbi Ovadia a immédiatement ressenti un soulagement physique et spirituel, les douleurs s’éloignant tandis que son cœur se remplissait de joie. Convaincu depuis ce jour d’avoir été délivré, il n’a pratiquement pas quitté Méron pendant les 23 années suivantes, se dédiant entièrement au service du lieu saint et de ses pèlerins.

Il a au départ mis en place un petit espace depuis lequel il offrait quelques légères collations. Mais assez rapidement, sa détermination et sa réputation charitable ont attiré l’attention. Un paysan des environs, admiratif du dévouement d’Ovadia, a décidé de mettre à sa disposition un terrain, sur lequel reposait un enclos de poulailler. Ce modeste petit espace, Rabbi Haba l’a rapidement transformé en son quartier général, c’est-à-dire en une cuisine de terrain aux allures presque anachroniques. Avec une organisation rudimentaire, composée de quelques bouteilles de gaz, de tuyaux connectés aux véhicules servant de réservoirs temporaires, et d’imposantes poêles accueillant les chaudrons fumants, cette entreprise bienveillante a produit de gigantesques repas pour des milliers, voire des centaines de milliers de visiteurs, sans distinction de tradition ou de niveau de pratique religieuse. 

Au menu, une richesse de saveurs était proposée : poissons relevés au curcuma, riz parfumé aux carottes, poulet en sauce, accompagnés de boissons rafraîchissantes et de fruits frais. 

Le refuge de Rabbi Ovadia était jusqu’à il n’y a pas si longtemps un lieu de générosité sans pareil, affichant sans relâche, jour après jour et année après année, une hospitalité qui a certainement impacté chacune des âmes qui en a bénéficié. 

 

L’incommensurable hospitalité de la rabbanite Henny Makhlis 

Au cœur de Jérusalem, plus précisément dans le quartier de Maalot Daphna, la rabbanite Henny Makhlis était réputée pour son hospitalité légendaire, tant auprès des habitants locaux que des visiteurs de passage. Son humble appartement, parfois bondé jusqu’à accueillir près de 300 invités pour les repas de Chabbat, témoignait de sa générosité extraordinaire. Mordéhaï et Henny Makhlis, originaires de Brooklyn, avaient émigré en Israël en 1979, seulement deux ans après leur mariage. Dès cette époque, leur table de Chabbat attirait déjà entre 20 et 30 convives, un nombre qui n’a cessé de croître pour atteindre une moyenne impressionnante de 100 à 150 personnes chaque Chabbat.

Henny incarnait parfaitement les valeurs de l’hospitalité juive, offrant bien plus que des repas délicieux : à travers son écoute, sa patience et sa compassion, elle offrait un havre de paix pour les âmes solitaires et égarées. Chaque interaction avec Henny était un moment de grâce et de bénédiction, illuminé par sa foi inébranlable et son dévouement sans faille, faisant d’elle une figure emblématique de Jérusalem. 

La rabbanite Henny Makhlis, surnommée simplement « Henny » par ses innombrables hôtes, était une véritable virtuose de l’altruisme, une femme d’une stature spirituelle exceptionnelle que beaucoup identifiaient comme la Sarah Iménou de notre époque. 

Des touristes curieux aux veuves solitaires, des étudiants universitaires aux personnes souffrant de troubles mentaux, tous trouvaient du réconfort dans l’étreinte chaleureuse de la famille Makhlis. Autour de leur table de Chabbat, les convives découvraient un foyer où dans lequel les sourires valaient autant que les mets exquis servis avec amour. La soupe de poulet de Henny Makhlis était célèbre, non seulement pour son goût, mais surtout pour l’amour et l’attention qu’elle mettait à la préparer, comme une potion magique de réconfort pour les cœurs affligés. Cette soupe a d’ailleurs inspiré le titre de l’ouvrage qui retrace l’histoire d’Henny, Une Emouna aux saveurs d’amour et de soupe de poulet.

Mais l’altruisme des Makhlis ne se limitait pas au Chabbat ; les sans-abris trouvaient refuge sur leurs canapés, parfois des semaines durant, et ceux dont l’instabilité mentale aurait pu mettre en danger les quatorze enfants des Makhlis, étaient accueillis dans la camionnette familiale. On raconte à ce sujet que le rabbin Mordehaï Makhlis savait combien d’invités il avait hébergés pour la nuit dans sa camionnette, en comptant le nombre de chaussures qui étaient déposées sur le pare-brise lorsqu’il partait travailler le matin comme enseignant.

 

Dans un monde souvent marqué par l’individualisme, les exemples rayonnants de Rabbi Ovadia Haba et de la rabbanite Henny Makhlis illustrent la beauté et la grandeur de l’hospitalité juive. Leur dévouement inconditionnel à accueillir et à nourrir ceux dans le besoin résonne comme une mélodie d’espoir et de compassion. La mémoire de ces êtres exceptionnels demeure comme un phare de lumière, nous rappelant avec force la beauté et la noblesse de l’accueil et du don inconditionnels. À leur image, puissions-nous perpétuer cet héritage de nos valeurs ancestrales d’hospitalité avec chaleur et bienveillance, pour illuminer les cœurs en détresse.

 

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