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Souccot : entrer dans le monde secret du nombre 120

A Souccot, nous abandonnons notre confort quotidien pour vivre sept jours hors du commun, sous les ailes de la Présence Divine. Cette fête nous plonge dans le monde du 120, une dimension, initiée par Moïse, où la volonté de l’homme est sublimée pour vivre une vie bien plus spirituelle, une vie au goût d'éternité.
Souccot : le monde secret du nombre 120

La fête de Souccot est l’un des grands rendez-vous de l’année juive.

Tout y est grand : la joie, le peuple d’Israël au sortir de Yom Kippour, la puissance de notre rapport au divin. Tout ? Non ! La Soucca ne peut être trop grande. Une Soucca haute de plus de 20 amot, soit un peu moins de 10 mètres, n’est pas valable « halakhiquement ». Pourquoi donc ? Parce que la Soucca se doit d’être une cabane potentiellement temporaire, alors qu’un édifice de plus de 10 mètres nécessite une structure solide qui ne peut être que fixe[1].

Rabbénou Yérouham, Sage de Provence qui finit sa vie à Tolède après l’expulsion des Juifs de France en 1306, nous livre un enseignement surprenant[2] : la Soucca est limitée à 20 coudées — soit 10 mètres —, qui constituent 120 palmes, nombre équivalent à la durée de vie de Moïse notre Maître. En effet, celui-ci vécut 120 ans qui furent inspirés par les 120 jours passés sur le Mont Sinaï[3]. À trois reprises, ce berger d’Israël gravit la montagne du Sinaï pour recevoir les Tables de la Loi, puis le pardon divin. Trois épisodes de 40 jours pour un total de 120 jours.

Si nous examinons la Soucca de plus près, une surprise nous attend. Son rôle essentiel est que nous soyons protégés par son ombre, comme le dit le prophète Isaïe[4] : « Il y aura comme une Soucca donnant de l’ombre contre la chaleur. » L’ombre se dit en hébreu « tsèl », qui a pour valeur numérique 120. Ceci signifie qu’un lien, essentiel et non contingent, relie la Soucca au nombre 120 !

Ce lien s’éclaircit lorsque nous décrivons la première rencontre entre Israël et la Soucca. Libéré des chaînes de l’esclavage, le peuple juif quitte Ramses en Égypte pour arriver à l’étape suivante : Souccot. La distance parcourue lors de cette étape est de 120 Mil — environ 120 km[5] ! Rachi précise que cette étape fut miraculeusement raccourcie car le peuple la parcourut « sur les ailes des aigles ». Ceci signifie que pour atteindre la Soucca, il faut traverser le concept du 120, et ceci doit se faire de façon miraculeuse.

Vous remarquerez d’ailleurs qu’après la victoire miraculeuse contre Amalek, la reconnaissance poussa Moïse à ériger un autel qu’il baptisa du nom de « Hachem Nissi[6] » — « D.ieu est mon miracle ». Êtes-vous surpris de voir que la valeur numérique de « Nissi » — « mon miracle » — est de… 120 ?

Ce triangle d’or entre Moïse, le miracle et le nombre 120 se retrouve lors de la première Épiphanie que rencontre le Maître d’Israël : D.ieu se révèle à Moïse du cœur du buisson ardent, « Mito’h Hasséné ». « Hasséné » — le buisson —, en guématria, vaut lui aussi 120 ! Le Midrach fait ici une allusion aux 120 ans de la vie de Moïse.

Ce feu n’est pas un feu classique car le buisson brûle mais ne se consume point. Mon Maître, Rav Moshé Shapira, expliquait que le feu allumé par l’homme, en tant que réaction de combustion exothermique, implique une destruction du carburant pour exister. Mais le feu du buisson est un feu spirituel, il existe sans détruire, au contraire, il donne tout son intérêt au buisson. Dans le monde de l’esprit et de la spiritualité, le partage ne prive personne et profite à tous.

Lors de cette révélation devant le buisson ardent, D.ieu confie à Moïse les clefs pour réussir sa mission de libérateur, de législateur et d’avocat d’Israël.

Un jour viendra où Moïse devra rester sur le Mont Sinaï pendant 40 jours, et ce, à trois reprises, pour recevoir la Torah. Comment va-t-il survivre sans manger ni boire ?

La réponse était dans le buisson: Dans le monde spirituel, on peut vivre sans faim. Dans les mots du Midrach, on dit que Moïse s’est nourri « du pain de la Torah et de la Présence Divine[7] ». Lorsqu’on atteint un niveau sublime de connexion à D.ieu comme celui de Moïse, la vie et la nourriture deviennent totalement spirituelles. On bascule dans la sphère du 120, un monde spirituel où le miracle devient la norme.

Cette notion de sphère du 120 et de vie spirituelle reste certes très élevée, mais ne nous est pas complètement étrangère. En effet, le jour de Yom Kippour que nous venons de traverser est justement le 120e jour de Moïse sur le Sinaï, jour où a été accordé le pardon divin. Ce jour-là, semblables à Moïse sur la montagne, nous nous abstenons de toute nourriture et vivons une vie purement spirituelle de prière et de repentir. Nous nous « nourrissons » de notre proximité avec D.ieu.

Il est encore plus impressionnant de comprendre comment nous avons atteint ce niveau. Nous avons la coutume, la veille du jour de Kippour, de nous tremper entièrement à trois reprises, dans un Mikvé — un bain rituel[8]. En nous rappelant que le volume minimal d’un Mikvé est de 40 Sea[9], le calcul est immédiat : 40*3 = 120 ! L’immersion nous plonge dans la sphère du 120 et nous connecte à notre vie spirituelle.

En me plongeant complètement dans ce milieu aquatique où je ne peux survivre, j’annule totalement ma personne devant une source supérieure, pour renaître plus spirituel. Semblable à cet embryon plongé dans le liquide amniotique, censé être hostile, mais qui paradoxalement permet la naissance d’un nouvel être.

La suite logique du processus commencé à Kippour se trouve sous la Soucca. Nous nous plongeons entièrement dans cet espace qui nous procure de l’ombre, le tsèl — de valeur numérique 120 — et de dimensions limitées à 120 palmes de haut.

Rentrer sous la Soucca revient à se placer sous les ailes de la Présence divine, au plus proche de lui.

Cette notion du 120 de la Soucca est donc l’expression de notre volonté de vivre une vie réellement spirituelle, où notre volonté s’efface et se fond dans la Volonté divine.

C’est ce que les kabbalistes et les maîtres de la Hassidout appellent le « Bitoul Hayech ». Ce concept est maladroitement traduit par l’« Annulation de soi ». Mais le concept profond qui se cache derrière est plutôt une « sublimation du Moi ». La volonté humaine, parfois petite et égoïste, s’élève et se fond dans une Volonté divine beaucoup plus élevée et grandiose, métaphysique. Ce n’est sûrement pas un effacement de soi qui serait psychologiquement dangereux, mais une capacité à penser plus grand et plus haut.

Avec toutes ces informations, nous pouvons éclairer d’un jour nouveau le récit des festivités de Souccot dans la Jérusalem antique.

Durant Souccot, on fêtait avec une joie intense ce qui s’appelait « Simhat Beth Hachoeva » — la réjouissance du puisage. Au son de milliers d’instruments, le peuple juif, avec ses maîtres à sa tête, dansait et chantait dans l’enceinte du Temple. Cette scène était éclairée par d’imposants candélabres dont la lumière éclairait « jusque dans les cours de toute la ville de Jérusalem[10] ». Seriez-vous surpris en découvrant que les jarres d’huile de ces candélabres contenaient exactement 120 Log — 72 litres ?

Le Rav Yom Tov Lipman Heller (1578, 1654) explique dans son Tossefot Yom Tov que ces 120 Logs d’huile sont une allusion aux 120 ans de vie de Moïse dont la lumière de la Torah nous illumine encore.

L’huile de la Ménora du Sanctuaire devait être apportée spécialement à Moïse[11]  alors que c’était Aharon, le Grand prêtre, qui procédait à l’allumage. Pourquoi ? Car Moïse est celui qui a transmis au peuple d’Israël le secret de l’huile. L’huile va offrir une réalité plus élevée et plus raffinée, celle de la lumière.

Moïse nous a appris à sublimer notre réalité pour transformer une vie matérielle en une éternité spirituelle. Mais il est allé beaucoup plus loin. Après la faute du Veau d’or, alors que le courroux divin allait s’abattre sur le peuple juif, Moise eut cette parole sublime : « Pardonne leur, sinon efface-moi de ton livre[12] »  et, par là, il reçut le pardon divin. Le Guide d’Israël demande à s’effacer pour laisser exister son peuple. À cet instant, l’effacement de Moïse le catapulte à un niveau équivalent à celui du peuple d’Israël tout entier. L’effacement a généré une réalité supérieure.

C’est pourquoi l’huile de la Ménora est confiée à Moïse et à personne d’autre, et c’est pourquoi l’huile qui illuminait Jérusalem à Souccot portait le souvenir de Moïse.

À Souccot, nous abandonnons notre confort quotidien pour vivre sept jours hors du commun, sous les ailes de la Présence Divine. sCette fête nous plonge dans le monde du 120, une dimension, initiée par Moïse, où la volonté de l’homme est sublimée pour vivre une vie bien plus spirituelle, une vie au goût d’éternité.

C’est pourquoi je vous souhaite à tous une longue et belle vie, pleine de sens, jusqu’à 120 ans !

[1] Talmud de Babylone, Traité Soucca 2a

[2] Cité par le Baer Heitev Chap. 639

[3] Rabbénou Behaye

[4] Isaïe 4,6

[5] Bechalah

[6] Exode 17,15

[7] Chemot Rabba 47,7

[8] Michna Beroura 606, 21

[9] Environ 560 litres, même si les mikvaot contiennent en général 1 000 litres, voire plus

[10] Talmud de Babylone Soucca 5,3

[11] Exode 27,20

[12] Exode 32,32

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