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Tou Bishvat : l’homme est un arbre des champs

Sans arbres, que serait l'homme ? La centralité de l'arbre pour l'humain, depuis les sources bibliques jusqu'aux récentes découvertes scientifiques. Tout concourt à nous démontrer combien l'interaction est puissante, nécessaire et bienfaisante.
Tou Bishvat : l'homme est un arbre des champs

*Tu ne mangeras pas du fruit de l’arbre défendu », explique le créateur à Adam et Eve.

Selon l’exégèse, l’arbre de l’Eden était d’ailleurs entièrement comestible, fruit et tronc confondus.

Au-delà de la symbolique, l’utilisation de l’arbre comme symbole du bien et du mal, et plus largement du libre arbitre auquel l’être humain sera éternellement confronté, pose le décor.

 Un décor qui ne peut se passer ni d’arbre… ni d’hommes. Le judaïsme compare ainsi l’homme à un arbre des champs. Une allusion précise qui établit un lien direct avec la loi juive interdisant d’arracher un arbre fruitier.

Il est ainsi écrit dans la Thora (Dévarim 20) à propos d’une ville assiégée par Israël en temps de guerre « Si tu es arrêté longtemps au siège d’une ville que tu attaques pour t’en rendre maître, tu ne dois cependant pas en détruire les arbres en portant sur eux la hache : ce sont eux qui te nourrissent, tu ne dois pas les abattre.

Oui, l’arbre du champ c’est l’homme même, tu l’épargneras dans les travaux du siège ».

Selon Mira Neshama , socio-anthropologue, l’arbre est un symbole universel dans toutes les sources de spiritualité.

« Les hommes voient l’arbre comme un symbole du cycle de vie et de croissance. Il est le trait d’union entre la terre et le ciel ».

Et c’est bien ce qui taraude l’homme depuis toujours : arriver à se relier à ce qui est immense, ce qui le dépasse.

Quelle meilleure inspiration que l’arbre, avec ses racines profondes au cœur de la terre féconde et ses branches s’élevant haut dans le ciel. ?

La kabale va encore plus loin avec l’Arbre de Vie (Etz haHa’yim) ou l’Arbre Séphirotique qui représente le processus de création mettant à l’œuvre, au niveau du macrocosme et du microcosme (l’être humain), des énergies ou puissances créatrices émanant du Créateur.

Le 15 ‘Chevat’ (mois du calendrier juif correspondant au mois de Février) on célèbre encore une fois ce lien fort à l’arbre et à la nature en général, laquelle précisément à cette date, entame un processus de renaissance et de profonde régénération.

On a coutume de consommer des fruits nouveaux en prononçant pour chacun d’entre eux la bénédiction adaptée. Une nouvelle occasion est ici donnée à l’homme de s’émerveiller des innombrables espèces issues des arbres nourriciers.

Alors que l’une des origines fondamentales des bouleversements de notre écosystème réside dans la déforestation à l’échelle planétaire, on ne peut que rester pantois face à la place accordée par le judaïsme aux arbres.

Un message subliminal qui nous renseignerait sur une actualité tragique : Plus d’arbres, plus d’hommes !

A cette allure, on estime que les enfants nés au début du siècle devraient assister à la disparition totale des forêts primaires du monde, ou forêts vierges. Rien qu’en Afrique, celles-ci pourraient avoir disparu d’ici à 10 ans….

D’autres recherches nous interpellent cette fois, sur la nature profondément vivante de ces colosses verts et paisibles.

Et elles sont terriblement touchantes.

L’arbre serait en effet un « être social », comme l’écrit le forestier Peter Wohlleben dans son best-seller ‘La vie secrète des arbres’.

Les scientifiques ont ainsi établi que les arbres communiquent entre eux par les airs et le sol pour se nourrir ou se défendre, qu’ils envoient des signaux d’alerte à leurs congénères grâce à des courants électriques ou des substances chimiques, qu’ils s’échangent aussi des minéraux, de l’eau, de l’azote, du phosphore.

Ils ressentiraient donc le monde extérieur, l’espace, et feraient même preuve d’une sorte de ‘mémoire’.

Les cœurs des amoureux gravés sur leur écorces, les secrets confiés à l’ombre de leur branchage en feraient-ils partie ?

Plus sérieusement, à l’aune de ces avancées scientifiques, peut-être faudrait-il cesser de se moquer de ceux qui embrassent de tout leur corps les vénérables végétaux ?

Bien plus qu’une lubie, cette pratique possède un nom.

La sylvothérapie est une médecine non conventionnelle qui repose sur l’idée qu’être dans une forêt ou à proximité d’arbres aurait un effet bénéfique sur le bien-être et la santé.

Depuis plus de trente ans, les japonais ont compris les bienfaits du ‘bain de forêt’ Shinrin-Yoku sur divers symptômes tel que le stress, la tension artérielle, le système immunitaire, les troubles du déficit de l’attention et l’hyperactivité.

La sylvothérapeute Laurence Monce explique ainsi dans son livre ‘Ces arbres qui nous veulent du bien’ les propriétés de plusieurs arbres sur nos états d’âmes, nos états d’esprits et donc notre santé !

Aux Etats-Unis, pourtant si peu soucieux de l’environnement, le Tree hugging serait particulièrement tendance chez les yuppies saturés de high-tech et gavés de junkfood.

La recette est simple : « Trouvez un bel arbre de votre choix, enlacez-le, appuyez une joue sur son tronc, fermez les yeux, respirez profondément et régulièrement, faites le vide dans votre esprit. Laissez libre cours à vos émotions. Ressentez la force et l’énergie qui s’en dégage ».

L’esprit des indiens d’Amérique si respectueux des arbres doit bien se moquer; au même titre que ’’Grand-Mère Feuillage’’, attachant personnage de Walt Disney, dont l’esprit vit dans un arbre, et dont le visage s’est matérialisé sur son tronc.

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