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Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le mariage juif

Dans la tradition juive, le mariage est bien plus qu'un simple acte légal ou social. C'est un engagement spirituel, un lien sacré entre deux individus et une communauté
Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le mariage juif

La cérémonie du mariage juif, ou Kiddouchine, incarne un désir profond de construire une maison de fidélité en Israël, un foyer dans lequel l’harmonie et l’amour résident, tout en honorant les valeurs, les lois et la tradition qui guident la vie juive.

Au cœur de cette cérémonie réside la Houpa, le dais nuptial. La Houpa représente la protection divine qui entoure le couple dans leur engagement sacré. L’origine de cette coutume remonte à des temps anciens, où la Houpa offrait abri contre les éléments ou contre les ennemis, mais dans la tradition juive, elle devient le symbole puissant de l’unité familiale et de l’engagement indéfectible entre époux sous la protection divine.

Le voile de la mariée.

Le premier geste du marié, qui consiste avant la cérémonie de la Houpa à couvrir le visage de la mariée de son voile, marque le début de sa responsabilité à veiller sur son bien-être et son bonheur. En dissimulant ainsi le visage de la mariée, est mise en avant l’idée que sa beauté extérieure n’est pas sa qualité première, mais que ce sont ses vertus intérieures, cachées dans son âme, qui priment et qui sont la raison de son union. Ainsi, le voile détourne l’attention de la beauté extérieure vers la beauté intérieure, mettant en valeur la pudeur et les qualités les plus profondes de l’âme de la mariée. Cette coutume est largement répandue parmi les communautés ashkénazes et la plupart des communautés espagnoles. De nos jours, la majorité des mariées juives portent un voile le jour de leur Houpa, mais celui-ci n’est pas obligatoirement opaque, comme il l’était dans les communautés ashkénazes. 

Le cortège

Il est de coutume d’accompagner les mariés lors de leur journée de mariage, généralement par leurs familles et leurs amis les plus proches. Dans la communauté éthiopienne par exemple, la coutume met l’accent sur les témoins lors de la cérémonie de mariage. Ce sont eux qui vont accompagner les mariés jusqu’à la Houpa. Et contrairement à la pratique courante de deux témoins nécessaires, en Éthiopie, il fallait qu’il y ait le plus de témoins possible à cette union. 

Il existe plusieurs coutumes concernant l’entrée sous la Houpa, selon les différentes communautés. Dans les communautés orthodoxes, il est fréquent que les mères accompagnent la mariée tandis que les pères accompagnent le marié. Cette pratique symbolise l’unification positive des deux familles à travers le mariage de leurs enfants. Dans d’autres communautés, les deux parents accompagnent leur propre enfant. 

Il est essentiel de souligner qu’une coutume importante stipule que les mariés ne doivent pas arriver ensemble. Cela garantit que la mariée vient de son plein gré et élimine tout doute sur son consentement à se marier.

Les bougies.

Les bougies jouent un rôle significatif dans la cérémonie du mariage juif Ashkénaze. Traditionnellement, ces bougies sont tenues allumées à la main par les accompagnateurs du couple alors qu’ils se dirigent vers la Houpa, le dais nuptial. Cette pratique symbolique remonte à une époque où la célébration publique du mariage était interdite et où les couples juifs devaient se marier en secret.

Au-delà de son aspect pratique, l’usage des bougies est imprégné de symbolisme. En effet, la lumière de la bougie est souvent associée à l’âme humaine. Dans le contexte du mariage, elle représente l’union des âmes des époux. Selon une interprétation profonde, ce n’est qu’une fois mariés que les époux sont considérés comme une seule entité, comme il est écrit : « Un mâle et une femelle naîtront, et il leur donnera le nom d’Adam » (Genèse 5, 2). Ainsi, l’allumage des bougies est un acte symbolique de l’union spirituelle des âmes des mariés.

De plus, lors de la cérémonie, parmi les sept bénédictions prononcées, se trouve la bénédiction Yozara Adam. Cette bénédiction, qui évoque la création de l’humanité, souligne que c’est dans le mariage que le processus de création de l’être humain est pleinement réalisé par l’union de l’homme et de la femme. Les bougies allumées symbolisent ainsi l’espoir et la confiance que le couple, en construisant leur foyer, pourra vivre une vie remplie de sens et d’accomplissement moral.

La Houpa.

Selon la coutume ashkénaze, le dais doit être placé sous le firmament du ciel en signe de bénédiction pour que la descendance des mariés soit nombreuse comme les étoiles du ciel.

Chez les Sépharades, il est de coutume que la mariée remette un talith neuf à son fiancé sous le dais nuptial. L’homme s’enveloppe dedans et dit la bénédiction suivante : « Que nous ayons vécu, existé et atteint cette époque », et désigne à la fois le nouveau talith et son nouveau statut d’époux. Durant ce grand moment où les mariés se réunissent religieusement, ils créent quelque chose qui les dépasse complètement : ils se connectent à l’éternité, à l’infini, et peuvent désormais envisager ensemble l’avenir lorsque, avec l’aide de D.ieu, ils mettront au monde la prochaine génération.

De nos jours, cette tradition a été adoptée par beaucoup de communautés. Dans les communautés ashkénazes, ce sera le premier talith du marié, car selon la coutume, il ne s’enveloppe pas dans un talith pendant son célibat. Alors que chez les sépharades, où il est d’usage de s’envelopper dans un talith dès l’âge de la bar-mitsva, ce sera un nouveau talith offert par sa fiancée.

Briser les murailles.

Chez les Ashkénazes, il est de coutume que le marié se place au centre et que la mariée et les deux mères tournent autour de lui sept fois. Cette coutume a de nombreuses significations très profondes, mais pour beaucoup, elle rappelle l’encerclement bien connu des murs de Jéricho par l’armée de Josué, qui a fini par les faire tomber. Peut-être y a-t-il là aussi un espoir d’abattre toutes les cloisons et tous les murs qui séparent les mariés dans l’espoir qu’ils ne feront véritablement plus qu’un. En plus, il y a aussi une prière qu’exprime la jeune épouse pour que l’immense amour qui existe actuellement entre les jeunes mariés continue et les accompagne tout au long de leur vie, et partout où il se tourne, il la verra sous ses yeux.

Le sens le plus profond, c’est que le cercle n’a ni début ni fin, ce qui implique qu’il s’agit d’une idée infinie que nous ne pouvons pas absorber en totalité, mais il entoure et inspire toute notre conscience. Comme lorsque l’on termine la lecture du Sefer Torah avec la fête de Sim’hat-Torah, il est d’usage de faire des Akafot, des tours, pour laisser entendre qu’après tout ce que nous avons eu le privilège d’apprendre et de comprendre, nous n’avons absorbé qu’un tout petit peu de la sagesse divine, mais puisque nous avons le privilège de nous y engager, elle nous entoure et nous en recevons une inspiration qui oriente nos pensées et élève notre chemin. Il en est ainsi au moment du mariage : l’excitation est si grande et le sens du mariage est si profond et sublime que même toutes les bénédictions et les paroles prononcées lors du mariage ne peuvent exprimer l’ampleur de sa signification. Pour cette raison, la tradition des cercles est là pour symboliser ce qui est au-delà des mots et pour s’en inspirer. Cercle qui se concrétise sur du long terme par une alliance ronde que les mariés s’offrent chacun.

La tradition du verre cassé : entre joie et souvenir.

Au milieu de la célébration et de l’allégresse du jour de mariage, une tradition discrète, mais significative se déroule : la rupture du verre. Alors que les nouveaux mariés baignent dans la félicité, ils se souviennent que leur bonheur est incomplet, car le temple spirituel n’est plus. Le marié brise un verre de son pied, un geste empreint de symbolisme, évoquant la destruction du Temple de Jérusalem. Il est d’ailleurs inapproprié à ce moment-là de crier Mazal Tov. Les Sages enseignent que chaque couple qui s’unit religieusement devient une pierre fondamentale de l’édifice du futur temple. 

Ainsi, la tradition du verre cassé, bien qu’elle soit empreinte de mélancolie, rappelle également la force et la résilience du peuple juif, ainsi que l’espoir et la promesse d’un avenir plein de lumière et de rédemption.

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