Pour de nombreux Juifs, le prénom est considéré comme étant un élément clé de l’identité religieuse et culturelle d’une personne en raison de son lien avec la tradition juive et les générations antérieures. Les Sages du Midrash nous enseignent que les Hébreux furent délivrés d’Égypte par le mérite de ne pas avoir changé leurs prénoms. Le Talmud Bera’hot, page 7b, nous rapporte l’opinion de Rabbi Elazar qui nous enseigne que le prénom a une influence sur le destin de l’enfant.
Les prénoms juifs sont souvent choisis en référence à des personnages bibliques ou des leaders religieux. Par exemple, un nom comme Sarah peut être choisi en l’honneur de la matriarche Sarah dans la Torah, ou un nom comme David peut être choisi en l’honneur du roi David dans la Torah. Les noms choisis peuvent également être des formes abrégées ou des variantes de noms bibliques, témoignant de la continuité de la tradition juive à travers les générations.
En plus de la référence à des personnages bibliques, les prénoms juifs peuvent également être choisis pour transmettre des bénédictions ou des souhaits pour le futur de l’enfant. Par exemple, un nom comme ’Hanna peut être choisi pour transmettre la bénédiction d’une vie heureuse et paisible, ou un nom comme Léa peut être choisi pour transmettre la bénédiction d’avoir des enfants justes. Dans certaines traditions, les prénoms sont même choisis en fonction de la date de naissance de l’enfant, selon les textes bibliques appropriés. Le prénom est souvent vu comme un cadeau divin pour l’enfant, qui les guide tout au long de leur vie.
En plus de renforcer l’identité religieuse, le prénom juif peut également renforcer la connexion avec la communauté juive. Les personnes partageant le même prénom peuvent se sentir connectées les unes aux autres, créant ainsi un lien communautaire plus fort. De plus, le prénom peut être utilisé pour identifier une personne en tant que juive, notamment dans les moments de célébration ou de deuil.
Le Ari zal écrit à ce sujet que la nomination d’un enfant n’est pas anodine. Les parents sont directement inspirés par D.ieu. Ils choisissent le prénom qui correspond à la nature profonde de leur charmant bambin. Le prénom renferme des secrets insoupçonnés. C’est notre code de programmation.
Les Sages du Midrash nous enjoignent donc de bien choisir le prénom de notre enfant afin qu’il soit tsadik, car parfois le prénom « provoque » le bien et parfois le mal. Rabbi Eleazar Papo l’écrit également dans son Pélé Yoets au nom du Zohar ou encore Rabbi Yossef Caro dans son Maguid Mesharim. Le prénom a un impact fort sur l’individu. C’est ainsi qu’un homme prénommé Abraham penchera vers la bonté et un autre prénommé Isaac penchera vers la rigueur. C’est pourquoi on ne choisira pas pour son enfant un prénom de méchant comme Nimrod ou Essav.
Cela dit, la nomination n’annule pas le libre arbitre. C’est juste que, parfois, le prénom provoque le bien ou son contraire comme il est écrit dans le midrash Tan’houma.
Compte tenu de l’impact du prénom, les Rabbins décisionnaires posent diverses questions. Peut-on donner le même prénom à un frère et une sœur ? Peut-on donner à une fille un prénom de garçon ? Peut-on utiliser des prénoms non-juifs ?
Selon le rav Moshé Schick (1807-1879), grand décisionnaire hongrois, l’emploi de prénoms non-juifs est strictement interdit par la Torah afin de s’en distinguer. En revanche, Rav Moshé Feinstein (1895-1986) estime qu’il n’y a pas d’interdit. Il soutient son propos par le fait que, puisque nous nous situons après le don de la Torah, cela suffit à nous distinguer des non-Juifs. De nombreux grands Rabbins avaient des prénoms non-juifs, comme le Rav Vidal Hatsarfati, auteur du Maguid Mishné — un commentaire du yad haH’azaka de Maïmonide. Il déclare que l’on pourra, dans tous les cas, nommer un enfant au nom de ses grands-parents.
Rav Moshé Feinstein juge également des prénoms faisant référence à des personnes au destin funeste. Est-il judicieux d’utiliser de tels prénoms ? Il affirme qu’il est souhaitable d’ajouter un autre prénom.
Rav Moshé Isserlès (1520-1572), dit le Rema, écrit qu’en cas de danger de mort, on a l’habitude de changer de prénom, car le changement de prénom est supposé changer le destin ou mazal.
Le prénom juif joue donc un rôle fondamental dans le judaïsme en renforçant l’identité et en impactant le destin de l’individu. La nomination ne doit donc pas être prise à la légère.