L’humain au centre
C’est – presque – une maison bleue adossée à la colline …
Beit Rafaela est un endroit unique en Israël, mené, avec une énergie folle, par un groupe de femmes francophones. Un centre dédié à l’accompagnement des patients atteints d’un cancer et de leurs proches, via la médecine intégrative. Parce que la maladie n’affecte pas uniquement les patients. Parce qu’elle ne se soigne pas uniquement par les traitements conventionnels qui génèrent, par ailleurs, de nombreux effets secondaires. Parce qu’un patient doit être pris dans sa globalité.
Depuis le 7 octobre, par solidarité, l’association propose, en outre, aux familles réfugiées du Sud, aux victimes, aux femmes ou aux mères de soldats et aux soldates elles-mêmes des soins et ateliers gratuits pour leur faire du bien ! Et c’est magnifique !
Un accompagnement complet
En Israël, plus de 300 000 personnes vivent avec un cancer guéri ou en cours de traitement. Depuis 2021, l’association Beit Rafaela les accompagne grâce à la médecine intégrative, qui combine médecines conventionnelles et alternatives. Car, si les progrès thérapeutiques en oncologie augmentent la survie et améliorent la prise en charge du cancer, les patients et leurs proches font face à d’autres difficultés, sociales, physiques ou émotionnelles, pendant la maladie et même après leur guérison. Car un patient est aussi un conjoint, un parent, un ami, un travailleur, une femme ou un homme.
Telle est donc la vocation de Beit Rafaela, créée en Israël par le médecin oncologue Héloïse Benech, sur l’inspiration de l’Institut Rafael, en France. Mariée et maman de 5 enfants, Héloïse est installée depuis 2014 à Jérusalem. C’est pour intégrer les soins de bien-être au cœur d’une médecine plus humaine qu’elle a créé cette association. La « maison » propose un accompagnement unique, prodigué par une équipe pluridisciplinaire, formée et spécialisée en oncologie. « Un patient ne se résume jamais à sa maladie. Des problématiques différentes existent dans la vie de chacun comme la perte de confiance en soi, la fatigue, les douleurs ou la dépression. Nous proposons des parcours qui correspondent aux besoins exprimés ou ressentis par le patient. Et veillons, au fil du temps, qu’il est toujours adapté et pertinent », explique-t-elle.
Un parcours sur mesure
Après l’étude du dossier médical, un examen clinique complet et un entretien approfondi sur les difficultés, douleurs et besoins actuels du patient ont lieu. Le parcours de soins sur-mesure est alors élaboré pour le patient qui va suivre, au fil des semaines, des séances et ateliers, aussi variés que professionnels : acupuncture, massages, réflexologie, pilates, soins esthétiques, yoga, et bien sur un accompagnement psychologique. Le suivi médical permet d’ajuster les soins en fonction des besoins des patients, qui évoluent.
Trois pôles sont pris en charge : le pôle corporel avec l’importance du mouvement et de la réappropriation de son corps, le pôle émotionnel qui propose des ateliers psychologiques ou groupes de paroles et le pôle santé sociale qui traite la question de l’accompagnement administratif parfois vertigineux – surtout pour les francophones en Israël – mais aussi la reprise du travail, l’intimité et la communication avec les proches. « Cela permet d’avoir un impact sur différents domaines, parfois en même temps, comme l’amélioration du sommeil et de la force, la réduction des effets secondaires, une meilleure qualité de vie, mais aussi l’image et l’estime de soi, le sentiment de joie, la projection dans l’avenir, le retour à une activité professionnelle ou à une vie intime, entre autres. Les patients redeviennent acteurs de leur vie, actuelle et future et, parfois, parviennent à transformer voire à sublimer le traumatisme » poursuit le Docteur Benech.
Le mentorat complète les parcours : c’est un accompagnement, sans jugement, de personnes ayant elles-mêmes vécu le traumatisme de la maladie. « Cet espace de parole libre est fondamental, car il est souvent impossible de partager son ressenti avec un entourage qui souffre aussi ». Après la guérison, d’autres difficultés, qu’on n’imagine pas toujours, surgissent et le mentorat est alors tout autant pertinent : « on demande aux patients survivants de redevenir les mêmes, alors qu’ils ne le sont et ne le seront plus : le corps est différent, le mental également, les perceptions, les envies, les besoins aussi. Pouvoir parler à quelqu’un qui a vécu une expérience comparable représente une aide précieuse ».
Beit Rafaela est bel et bien une maison, dans un nouveau lieu récemment investi au cœur de Jérusalem. Le vœu de celles qui l’animent est de pouvoir accompagner plus de patientes, mais aussi des patients. Quel grand hessed de pouvoir aider l’autre dans un tel moment de fragilité!. Chacun peut aider Beit Rafaela dans ses missions en partageant, en donnant de son temps, en devenant bénévole ou en faisant connaître cette association exceptionnelle.
Dr Eloise Benesh
Beit Rafaela – Revadim 32, Appt 4 – JERUSALEM