Mon cher ami,
Depuis le 7 octobre 2023, tu n’es plus le même. Depuis le massacre perpétré par les terroristes du Hamas, qui ont violé, torturé, brûlé, violé, assassiné et, pour finir, emmené des soldats et des civils, morts comme vivants, en otage à Gaza, tu as redécouvert “ l’hébreu” qui sommeillait en toi. Tu as redécouvert, me dis-tu, la condition juive. « À la suite de ces massacres, nous aurions dû être soutenus et surtout compris (? !) par l’ensemble de l’humanité. Le monde entier aurait dû se tenir à nos côtés face à cette barbarie ! », me cries-tu dans les oreilles du soir au matin. Et pourtant, c’est l’inverse qui s’est produit. Nous sommes devenus un objet de réprobation quasi universelle. Certes, nous comptons beaucoup de soutiens, d’amis, d’alliés. Mais la voix de la haine est allée en s’amplifiant, en se renforçant… Jusqu’au récent pogrom d’Amsterdam, jusqu’à l’inculpation par la CPI des dirigeants de l’État qui se défend contre un crime contre l’humanité, pour… faute de crimes contre l’humanité !
Tu m’écris que tu as perdu des amis. Des musulmans, des libres penseurs, des hommes et des femmes de tous horizons ne veulent plus t’adresser la parole ; ils t’ont tourné le dos.
Tu te sens seul, abandonné, trahi et, surtout, terriblement déçu : quelle injustice ! Quelle félonie de la part de ces gens avec lesquels tu as tout partagé : l’idéologie, le rêve d’une société plus juste, plus accueillante… jusqu’à ton intimité.
Tu es seul, terriblement seul. Ou, à tout le moins, tu te sens rejeté.
J’ai de la peine à te voir dans cet état, en te lisant et en t’écoutant.
Sais-tu pourquoi, mon très cher ami ?
C’est parce que je vis pour ma part au milieu de mon peuple, au milieu des miens, de tous les miens. Les tiens aussi. Et j’ai une grande nouvelle pour toi. C’est un secret que je veux partager avec toi et que je te demande de garder pour toi : le peuple juif ne s’est jamais aussi bien porté que depuis cette date du 7 octobre 2023 !
Non ! Cela n’est pas dû aux raisons auxquelles tu penses certainement : par exemple, qu’il aurait retrouvé un esprit de résilience dans l’adversité ; qu’il aurait retrouvé son sens de l’unité sur le champ de bataille ; qu’il aurait à nouveau éprouvé le sentiment de sa force et de son invincibilité face à toutes les haines et tous les appels au meurtre. Je te rassure… Je ne pense pas que tout cela soit faux ! Et, vois-tu, mon cher ami, je suis heureux que ces sentiments soient partagés par le plus grand nombre de nos frères et sœurs de par le monde. Mais en fait, là n’est pas l’essentiel : ce que je veux te dire, c’est que nos ennemis ont commis une faute, une faute irréparable même, qui provoquera leur défaite et qui nous permettra de continuer notre route. Ils ont tenté de nous exterminer et ils ont donné à leur projet génocidaire un commencement d’exécution. C’est là que se trouve notre secret.
Notre peuple, mon cher ami, n’est pas né avec l’État d’Israël. Il n’est pas né avec le mouvement sioniste en 1897, à Bâle, lors du premier congrès sioniste. Il n’est pas né, non plus, avec la chute des murs des ghettos en Europe. Il est né au pied d’une montagne, il y a 3 336 ans, lorsqu’il a reçu la Torah. Depuis cette date, chaque fois que la Torah a disparu de la vie juive en tant que valeur centrale et structurante, le judaïsme a disparu, puis ce sont les Juifs eux-mêmes qui ont disparu. Ils se sont assimilés et se sont fondus dans les populations d’accueil. Notre peuple, mon cher ami, a vécu avec sa spiritualité, ses lois, ses croyances, ses structures familiales, son étude quotidienne des textes transmis depuis la révélation du mont Sinaï. C’est ainsi qu’il a garanti sa pérennité. Régulièrement, des génocidaires se sont levés pour nous exterminer. Et lorsque nous étions au plus bas, vulnérables, défaits, à leur merci, nous avons élevé nos prières vers le Maître du monde. Et le miracle s’est produit : D. nous a sauvés de leurs mains, de leurs épées, de leurs canons, de leurs salles de torture, de leurs chambres à gaz… et de leur tentative de génocide. Tous ceux qui veulent nous détruire réactivent malgré eux l’alliance éternelle qui nous unit à D.ieu Ils ne le comprennent pas, mais nous, nous connaissons ce secret.
Haman a voulu nous détruire ; il a activé le sauvetage divin. Les nazis ont tout fait pour nous anéantir ; ils ne sont que ruines et mauvais souvenirs. Celui qui se lève pour nous détruire est un éternel futur perdant. Relis et médite ces versets tirés du livre du prophète Yermiyahou/Jérémie (chap. 31, 34-35) : « Ainsi parle le Seigneur qui créa le soleil pour la lumière du jour, donna mission à la lune et aux étoiles d’éclairer la nuit, qui agite la mer et fait mugir ses flots, lui qui a Nom l’Eternel-Tsevaot : Si ces lois cessaient d’être immuables devant moi, dit le Seigneur, alors seulement la postérité d’Israël pourrait cesser de former une nation devant moi, dans toute la durée des temps. »
Or ces fameuses lois, celles de la Torah, sont immuables. Elles ne disparaîtront jamais. Le peuple qui les a reçues, le peuple juif, dont toi et moi faisons partie, est éternel, indestructible. Les génocidaires se lèvent et le peuple juif passe…
Cesse donc de réagir aux péripéties de l’Histoire. Ne sois plus une feuille morte ballotée au gré des tempêtes et des folies meurtrières. Tu n’es pas déterminé par le regard de l’autre. Tu ne dois pas ta survie au bon vouloir des puissants ou à l’échec des tueurs en série.
Ils veulent notre disparition : montre-leur donc qui tu es! Laisse ta voix intérieure te guider. Tu as une étincelle divine en toi. Elle crie plus fort dans ce genre de période. Tends l’oreille et laisse-la te dire combien tu existes… au milieu d’un peuple qui compte des millions de vivants.
Tu n’es plus seul. Tu n’as jamais été seul.